(New York) Tous les grands studios vont pouvoir détenir des salles de cinéma aux États-Unis, ce qui était jusqu’ici interdit à la plupart d’entre eux, a annoncé lundi un responsable du département de la Justice chargé de la concurrence.

La séparation entre production et distribution des films est en vigueur aux États-Unis depuis 1948, en vertu d’un accord entre les studios et ce ministère.

Le gouvernement américain avait en 1938 attaqué en justice les cinq grands studios d’Hollywood, qu’il accusait d’entente pour contrôler l’industrie tout entière.

Dans un discours prononcé lundi devant l’Association américaine des avocats (ABA), un adjoint du département de la Justice, Makan Delrahim, a annoncé que le département allait demander à un tribunal de mettre fin à cette séparation obligatoire.

REUTERS

Makan Delrahim

Après examen, le gouvernement estime qu’il est «peu probable» que les studios liés par cette interdiction et toujours en activité aujourd’hui puissent s’entendre de nouveau pour contrôler l’industrie du cinéma.

Parmi les cinq studios concernés figuraient Paramount, MGM, Warner Bros, 20th Century Fox, tous encore en activité, et RKO Pictures, disparu en 1959.

Plusieurs grands studios, principalement Disney, Sony ou Netflix, nés après cette interdiction, n’étaient pas concernés par elle.

«Ce serait une erreur de la part des autorités de la concurrence de brider le potentiel de l’innovation tournée vers le client», a expliqué Makan Delrahim. «Nous ne pouvons pas faire comme si la distribution et la projection des films étaient la même qu’il y a 80 ans.»

La levée de l’interdiction porte également sur une pratique baptisée «block booking» qui consistait pour les studios à exiger d’une salle ou d’un réseau de salles qu’ils projettent plusieurs de leurs films et non un seul, sous la menace de les priver de toute leur offre.

Si le «block booking» va rester interdit encore deux ans, selon le responsable de la concurrence, son retour possible constitue un risque pour les petits studios, qui bataillent déjà pour obtenir des créneaux face aux superproductions des grands studios.

Une autre méthode interdite, le «circuit dealing», ne sera plus formellement interdite, également après une période de transition de deux ans.

Elle consiste pour les grands réseaux de salles à obtenir des studios de pouvoir projeter leurs films plutôt que des salles indépendantes, faute de quoi le film ne serait projeté sur aucun des écrans du réseau.

C’est une menace potentielle pour les cinémas indépendants, déjà en difficulté pour certains.