(Paris) Dans Adults in the Room, le cinéaste Costa-Gavras, chantre d’un cinéma engagé, plonge dans les coulisses de la crise de la dette grecque pour mieux montrer le fonctionnement et les errements selon lui de l’Union européenne.

Projeté hors compétition à la dernière Mostra de Venise, Adults in the Room, en salles mercredi, est l’adaptation du livre Conversations entre adultes, dans les coulisses de l’Europe, de l’ex-ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, resté un peu moins de six mois en poste en 2015.

Le film, comme le livre, raconte le bras de fer de l’ex-ministre grec des Finances, élu la même année sous la bannière du parti d’Alexis Tsipras, Syriza, avec les créanciers, Union européenne et Fonds monétaire international, dans l’espoir d’alléger les politiques strictes d’austérité.

L’idée de ce long métrage a commencé à germer dans la tête du réalisateur franco-grec de Z en 2007, lors d’une rencontre avec l’ambassadeur de Chypre à Paris, avait-il expliqué à Venise en septembre.

« Je lui ai demandé : “comment va la Grèce ? Il me dit : « la Grèce va à la catastrophe ». Et pourquoi ? Il m’a expliqué exactement ce qu’il allait se passer dans les années à venir », avait-il raconté.

« J’ai commencé à partir de ce moment-là à réunir le matériel, un peu partout », avant que son épouse ne lui envoie en 2015 une entrevue de Yanis Varoufakis, qu’il a ensuite décidé de rencontrer, avait poursuivi le cinéaste de 86 ans.

« Il m’a montré les écrits de ses discours. Il m’a fait entendre les choses qu’il avait enregistrées, lors de réunions de l’Eurogroupe », le groupe des ministres des Finances de la zone euro, avait-il indiqué. « Varoufakis m’a dit aussi qu’il comptait écrire un livre. Et il m’a raconté l’idée du livre, et me l’a envoyé chapitre par chapitre. Et quand j’ai eu fini la lecture, j’ai dit : « là, il y a le film » ».

Ce drame politique de deux heures suit le personnage de Yanis Varoufakis (Christos Loulis), à travers les méandres de la crise.

On le voit de réunions des ministres des Finances en sommets européens et discussions informelles, de capitale en capitale, bataillant contre ses homologues européens, et en particulier le ministre allemand Wolfgang Schäuble (Ulrich Tukur).

Costa-Gavras avait expliqué à Venise avoir voulu « faire du spectacle » avec ce film, même s’il peine parfois à rendre divertissant son sujet pour le moins austère, et à en rendre toute la complexité. « Je veux montrer », avait-il dit à l’AFP, soulignant que son film mettait face à face deux idées de la politique : « est-ce qu’on veut faire une Europe néo-libérale ou une Europe des gens ? ».