Depuis hier, le court métrage Fauve de Jérémy Comte est offert dans l’iTunes Store dans six pays (Canada, Royaume-Uni, France, Suisse, Belgique, États-Unis). Et bientôt, le court métrage Marguerite de Marianne Farley ainsi que les longs métrages Impetus de Jennifer Alleyn et CA$H NEXU$ de François Delisle s’y retrouveront aussi.

Tout cela parce que la maison de distribution de courts métrages h264 a décidé de devenir un agrégateur en distribution numérique auprès des grandes plateformes de diffusion telles iTunes, Apple et Netflix. En quelques mots, un agrégateur est une forme de vendeur, un distributeur de distributeurs. Il agit comme intermédiaire entre ses clients – les distributeurs québécois – et les plateformes de diffusion.

Selon Jean-Christophe J. Lamontagne, président et fondateur de h264, c’est la première fois qu’un agrégateur québécois voit le jour. Et son expertise du cinéma québécois permettra de mieux le représenter auprès des géants de la distribution en ligne.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Christophe J. Lamontagne, président et fondateur de h264

Des ententes avec iTunes et Criterion

Le projet, en chantier depuis près de trois ans, a attiré l’attention de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), qui lui accorde une subvention de 235 000 $, dont 125 000 $ proviennent du Plan culturel numérique du Québec. La Ville de Montréal, par son Cabinet créatif, et Air Canada sont aussi partenaires. D’autres subventions et des fonds privés seront recherchés au cours des prochains mois. L’argent servira à acheter les droits de distribution numérique de films, à payer les salaires, les bureaux, etc.

« Aujourd’hui même, nous avons déjà des ententes avec trois plateformes, soit iTunes [pour le monde], Criterion Channel [pour l’Amérique du Nord] et Mubi [pour le monde], a dit M. Lamontagne hier matin en conférence de presse. Nous espérons conclure des ententes avec d’autres plateformes telles Netflix, Google Play, Amazon Prime et PlayStation Store. »

Il y a quelque 1500 plateformes de diffusion dans le monde. Le travail de représentation est imposant. Notre objectif est de placer 20 films dans la première année, mais on croit être en mesure de faire bien plus.

Jean-Christophe J. Lamontagne, président et fondateur de h264

« Pour les plateformes transactionnelles [comme iTunes], nous n’avons pas besoin de faire la promotion du produit une fois la certification obtenue, poursuit-il. Leur volonté est d’avoir le plus de produits possible. Par contre, Netflix a une ligne éditoriale. Notre défi sera de s’aligner, de s’adapter à celle-ci. »

L’autre défi sera de rendre cet agrégateur québécois plus intéressant pour la clientèle ciblée que les concurrents. « Les agrégateurs étrangers sont nombreux, mais n’ont pas la sensibilité face à nos contenus, dit M. Lamontagne. Notre mission première est d’assurer une meilleure représentativité du cinéma québécois sur l’ensemble des plateformes. On veut permettre à tous les joueurs, gros et petits, de mettre leur catalogue en ligne sur les plateformes pertinentes. »

Président du Regroupement des distributeurs indépendants de films du Québec, Andrew Noble se réjouit de l’annonce. « On recherchait depuis quelques années une solution à l’agrégation, dit-il. Souvent, on envoyait nos films à des agrégateurs qui en faisaient la gestion technique avant de les envoyer aux plateformes. Mais on n’avait jamais de contacts directs avec ces plateformes. Maintenant, par l’intermédiaire de h264, avec qui nous entendons travailler étroitement, nos stratégies de marketing et de mise en marché seront plus directes. »

Après les Oscars

h264 a fait beaucoup parler d’elle au début de l’année quand deux de ses courts métrages de fiction, Fauve et Marguerite, se sont retrouvés finalistes aux Oscars.

Ironiquement, h264 savait depuis juillet 2018 qu’iTunes lui accordait une certification d’agrégation. La société pensait lancer le projet en janvier, mais, avec deux films à promouvoir en vue des Oscars, M. Lamontagne et ses partenaires n’ont pas voulu gérer ces deux dossiers de front.

« Maintenant, on passe à une autre étape, dit ce dernier. Avec l’aide financière de la SODEC, on a embauché du monde. L’équipe va continuer à grossir dans les prochains mois afin de répondre à la demande. »