(Cannes) Parasite, drame familial magistral mâtiné de thriller du Sud-Coréen Bong Joon-ho, qui dépeint la violence des inégalités sociales avec une grande maîtrise formelle, a remporté la Palme d’or samedi en clôture du 72e Festival de Cannes.

La Palme d’or a été décernée à l’unanimité du jury, a précisé son président, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu.

« Nous avons été fascinés par (le) film (de Bong Joon-ho) et cette fascination a continué à croître au fil des jours, d’où notre unanimité », a-t-il développé en conférence de presse, saluant également la grande efficacité du film.

Bong Joon-ho, grand représentant de la nouvelle vague de Corée du Sud, est le tout premier cinéaste du pays à décrocher la suprême récompense cannoise.

« Merci beaucoup. Je suis très honoré, j’ai toujours été très inspiré par le cinéma français, je remercie Henri-Georges Clouzot et Claude Chabrol », a commenté celui qui succède au palmarès au Japonais Hirokazu Kore-eda, palmé l’an passé pour Une affaire de famille.

Les points communs sont d’ailleurs frappants entre les deux films, puisque le film de Kore-eda racontait l’histoire d’une famille dans le désœuvrement qui commet des larcins, avant d’accueillir une fillette chez eux.

L’humanisme débordant dans Une affaire de famille est moins présent dans Parasite dont la critique sociale s’avère féroce, avec une propension à la violence et l’humour noire savamment dosée par Bong Joon-ho.

Parasite raconte l’histoire d’une famille de chômeurs, celle de Ki-taek (incarné par Song Kang-ho, acteur fétiche de Bong Joon-ho), qui végètent dans un appartement en sous-sol sombre et sordide, où ils cohabitent avec les cafards et vivent d’expédients.

La vie de Ki-taek, sa femme et leurs deux enfants change de tournure le jour où son fils, Ki-Woo, décroche un travail de professeur particulier d’anglais pour une jeune fille dans une famille bourgeoise, les Park, qui habitent une somptueuse maison avec jardin, grandes baies vitrées et décoration soignée.

La famille de Ki-taek va vite s’emparer du filon : par d’habiles subterfuges, Ki-Woo fait embaucher sa sœur pour donner des cours de dessin au petit dernier, puis ses parents comme chauffeur et gouvernante. Mais, si tout semble aller pour le mieux pour cette famille d’arnaqueurs, l’arrivée de ces « parasites » dans la famille Park va en fait marquer le début d’un engrenage incontrôlable.

Autres récompenses

Le Grand Prix a été remis à Atlantique de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop.

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Mati Diop

Les prix pour les interprétations masculine et féminine ont été décernés à Antonio Banderas, pour le film Douleur et gloire de Pedro Almodovar et Emily Beecham pour le film Little Joe.

Les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne ont obtenu le Prix de la mise en scène pour Le Jeune Ahmed. Le Prix du scénario a été remis à Céline Sciamma pour le film Portrait de la jeune fille en feu.

Deux films se sont partagé le Prix du jury : Les Misérables de Ladj Ly et Bacarau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles.

Xavier Dolan, en lice pour son film Matthias et Maxime, n’a pas reçu de récompense au cours de la cérémonie qui s’est déroulée samedi soir, heure locale. Toutefois, le film n’a pas échappé à l’attention de tous les jurys, puisque le compositeur de la musique, Jean-Michel Blais s’était vu attribué vendredi une mention spéciale par l’organisme Cannes Soundtrack.

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Xavier Dolan

De poids lourds du cinéma international comme Quentin Tarantino, Terrence Malick ou Ken Loach n’ont pas retenu l’attention du jury, eux non plus.

Vendredi, La femme de mon frère, premier long métrage de la Québécoise Monia Chokri, a décroché vendredi le Prix coup de cœur du jury de la section Un Certain Regard.