(Cannes) C’était en 1966. Claude Lelouch foulait le tapis rouge de Cannes avec Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée pour Un homme et une femme, et recevait une Palme d’or. Cinquante-trois ans après, le réalisateur français revient avec une suite de son film légendaire.

Présenté samedi soir hors compétition sur la Croisette, Les Plus belles années d’une vie réunit à nouveau les deux acteurs du film de 1966 à la célèbre ritournelle « badabada, dabadabada… », qui avait fait le tour du monde et remporté aussi deux Oscars, celui du meilleur film étranger et celui du meilleur scénario.  

Moment d’émotion, le réalisateur de 81 ans, l’acteur de 88 ans et l’actrice de 87 ans devraient être à nouveau rassemblés pour monter les célèbres marches de Cannes, aux côtés aussi de ceux qui jouaient alors leurs enfants — Antoine Sire et Souad Amidou —, aujourd’hui quinquagénaires et également dans le film.

Le réalisateur a avoué à l’AFP qu’il savait qu’il aurait « le trac » avant de fouler le tapis rouge pour ce nouveau film, son 49e, lui qui voit Cannes comme « un casino, une arène » où « tout peut se produire ».  

« J’ai tout connu à Cannes »

Le cinéaste prolifique entretient une longue histoire avec le festival, où il est venu trois fois en compétition (avec Un homme et une femme, Le Far West et Les Uns et les autres) et huit fois hors compétition. « J’ai connu tout à Cannes », « la seule chose que je n’ai pas faite, c’est le ménage ! ».

Tourné en dix jours, Les Plus belles années d’une vie — dont la musique a été à nouveau composée par Francis Lai, déjà aux manettes il y a 53 ans (et décédé en novembre 2018 après l’enregistrement), et par le chanteur Calogero —, raconte les retrouvailles des deux personnages principaux d’Un homme et une femme, qui racontait l’histoire d’un amour fulgurant et passionné.

Aller-retour entre les images d’aujourd’hui et celles d’hier (celles d’Un homme et une femme et du court métrage de Claude Lelouch C’était un rendez-vous, filmant une traversée de Paris à grande vitesse), le film met en scène l’ancien pilote automobile, incarné par Jean-Louis Trintignant, qui vit désormais dans une maison de retraite.  

Il perd la mémoire mais se rappelle encore de celle qui fut « son meilleur souvenir », que son fils se met en tête de rechercher, organisant leur rencontre en Normandie sur les traces de leur amour passé.

« Deuxième naissance »

En 1986, Claude Lelouch avait déjà réalisé une première suite à son film le plus célèbre, Un Homme et une Femme: 20 ans déjà, également montrée hors compétition à Cannes, et réunissant ses deux acteurs de 1966. L’idée de reprendre encore une fois le flambeau lui a été soufflée par « le temps qui passe », explique-t-il.  

« Ce genre de film est unique dans l’histoire du cinéma. C’est la première fois qu’un metteur en scène peut retrouver ses deux comédiens, 53 ans après », souligne-t-il.

Le succès d’Un homme et une femme, sélectionné in extremis à Cannes en 1966, avait été totalement inattendu pour Claude Lelouch, alors âgé de 28 ans, et qui avait fait jusque là six longs métrages qui n’avaient pas marché.

« J’ai fait ce film un peu comme un dernier film, donc on a pris tous les risques. C’est vrai que quand la salle s’est levée et nous a ovationnés, je ne sais plus, ça n’en finissait pas. Je ne comprenais pas ce qui arrivait », raconte-t-il.

Le succès de ce film, « ça m’a permis d’être un cinéaste indépendant, libre », poursuit-il. « Pendant 50 ans, j’ai pu grâce à ce Festival de Cannes faire le cinéma que j’avais envie de faire. Cannes c’est un peu mon père et ma mère. C’est ma deuxième naissance ».