(New York) Un juge a décidé vendredi de tenir en privé une importante audience préparatoire à l’affaire Harvey Weinstein, affirmant que le droit du producteur déchu à un procès équitable l’emportait sur les arguments des organisations de presse selon lesquels l’audience devait demeurer publique.

L’accusation et la défense avaient toutes deux demandé que l’audience, qui devait traiter de la stratégie du procès et des témoins potentiels, se déroule à huis clos.

Le juge de Manhattan, James Burke, a déclaré que la fermeture de la salle d’audience à la presse et au public était « le seul moyen disponible pour éviter la corruption du jury ».

Il a ajouté que la couverture de l’audience — qui traiterait de documents « préjudiciables à l’accusé et incendiaires » — ne servirait à rien, sauf à susciter un sentiment négatif du public à l’égard d’Harvey Weinstein.

Le juge Burke a également rejeté la demande des organisations médiatiques de retarder l’audience afin qu’elles aient le temps de faire appel. Leurs avocats ont demandé à une cour d’appel de suspendre la procédure, ce qui leur a été refusé.

Après la séance à huis clos, une discussion sur des questions de procédure devait se dérouler en audience publique.

La décision a été prise après que les procureurs eurent déclaré vouloir protéger le droit d’Harvey Weinstein à un procès équitable et protéger l’identité des femmes qui l’ont accusé de méfaits. L’audience de vendredi devait être axée sur certaines des dizaines de femmes qui ont accusé le producteur de comportement sexuel inapproprié, mais dont les allégations n’ont pas abouti à des accusations criminelles.

« Nous pensons qu’il est prudent » de tenir l’audience en privé, a déclaré Joan Illuzzi-Orbon, procureure du district de Manhattan.

Les avocats d’Harvey Weinstein ont affirmé que la couverture médiatique pourrait influencer les jurés potentiels.

« Le tribunal ne peut pas se rendre complice de la presse en niant le droit du défendant à un procès équitable », a dit l’avocate d’Harvey Weinstein, Marianne Bertuna.

Les avocats des médias, y compris l’Associated Press, ont déclaré que les arguments de l’accusation et de la défense n’étaient pas conformes aux normes juridiques strictes permettant d’exclure les médias et le public.

Le cas d’Harvey Weinstein est « d’un immense et légitime intérêt public », et les allégations à son encontre sont déjà largement connues, a noté Robert Balin, un avocat représentant les médias.

Les parties qui demandaient la fermeture de la salle d’audience ont suggéré qu’« il est en quelque sorte inapproprié pour la presse et le public d’être assis ici et de rapporter des informations en temps réel », même si ce droit est garanti par la Constitution, a expliqué M. Balin.

Un avocat de Court TV et un reporter du magazine New York ont également plaidé en faveur de l’ouverture de la salle aux médias et au public.

Harvey Weinstein lui-même est demeuré silencieux à son arrivée à la cour. Quand on lui a demandé comment il allait, il a simplement hoché la tête.

Il est accusé d’avoir violé une connaissance féminine non identifiée dans sa chambre d’hôtel à Manhattan en 2013 et d’avoir commis un acte sexuel forcé sur une femme différente en 2006.

L’homme de 67 ans a nié toutes les allégations de relations sexuelles non consensuelles. Il a plaidé non coupable et a été libéré sous caution de 1 million. Son procès doit commencer le 3 juin.