Vendredi prochain, Avengers : Endgame, 22e film de l’univers cinématographique de Marvel (MCU), va mettre un terme à une série d’intrigues entamée il y a plus de 10 ans. Mais nous sommes loin de la fin des aventures des superhéros créés par Stan Lee et compagnie. Il reste encore beaucoup d’histoires à raconter… et d’argent à faire.

Depuis 2008, Marvel Studios, une propriété de Disney, enchaîne les superproductions à un rythme effréné. La qualité est généralement au rendez-vous, et les recettes le sont toujours. Quatre films de la série se classent dans le top 10 des plus grands succès au box-office mondial de tous les temps. Le plus récent, Captain Marvel, a déjà franchi le cap du milliard de dollars et est toujours à l’affiche dans plusieurs pays.

De plus, tous les films sont interconnectés. Des personnages, des objets, des concepts et des intrigues permettent de faire des liens entre chaque œuvre. Ceux-ci sont parfois ténus, au point où le seul élément de continuité est révélé dans une scène de quelques secondes à la fin du générique.

« Ça garde le monde engagé, constate Jason Lee Rockman, porte-parole des Comiccons de Montréal et d’Ottawa. Les gens savent maintenant qu’il faut rester jusqu’à la fin. Ceux qui partent avant le générique ne sont pas de vrais fans », ajoute-t-il en riant.

Le film avant l’ensemble

L’architecte de tout cela est Kevin Feige, président de Marvel Studios. Sans surprise, il s’est inspiré des bandes dessinées originales pour la création de son univers cinématographique. Dans une entrevue avec Mashable, en 2017, il est revenu sur les origines du MCU. 

PHOTO AHN YOUNG-JOON, ASSOCIATED PRESS

Kevin Feige, président de Marvel Studios

« Dans les comics, il arrive régulièrement que des personnages se pointent dans les séries des autres pour quelques numéros [dans le milieu, on appelle cela un crossover]. Chaque fois que ça se produit, je trouve ça génial ! Nous voulions reproduire cela dans nos films », a confié Kevin Feige.

En 2008, les studios Marvel ont lancé un premier film, Iron Man, qui, par une seule scène à la toute fin, laisse entrevoir une intrigue plus vaste. « Nous ne nous sommes jamais dit que nous voulions créer un univers cinématographique. […] Le film en soi reste plus important que la continuité », a précisé Kevin Feige à Mashable.

Le succès instantané d’Iron Man a permis au producteur de réaliser son deuxième objectif : quelques jours après la sortie de ce premier chapitre, il a annoncé quatre nouveaux films qui, ensemble, constituaient la phase 1 du MCU.

Les phases 2 et 3 ont été encore plus ambitieuses. Depuis 2013, deux ou trois films de la série sortent chaque année. « Pour moi, le MCU, c’est une grosse série télé sur 10 ans, illustre Jean-Christophe Detrain, alias Faskil, auteur du livre Dans les coulisses du Marvel Cinematic Universe. On n’est pas obligé de voir tous les films, mais on a malgré tout cet appel parce qu’on se dit : “Si je ne vais pas voir tel film, je vais manquer tel élément.” C’est malin, car on va être enclin à aller voir un Thor, par exemple, qu’on n’aurait pas forcément eu envie d’aller voir parce qu’on sait que c’est lié aux Avengers. On se dit qu’il y aura peut-être des connexions et que ça vaut peut-être la peine. »

Plus que des superhéros

Jason Lee Rockman, qui est aussi animateur à CHOM 97 7, estime que le succès des studios Marvel s’explique entre autres par le sérieux du traitement de chacun des personnages qu’ils ont transposés au grand écran, même s’ils n’étaient pas majeurs dans les comics originaux.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE JASON LEE ROCKMAN

Jason Lee Rockman

« Marvel a prouvé qu’il peut prendre des personnages obscurs comme les Gardiens de la galaxie et les rendre intéressants et crédibles au cinéma. Je lis les BD depuis que j’ai 9 ans et même moi, je ne les connaissais pas. C’est remarquable ! »

– Jason Lee Rockman, animateur à CHOM 97 7

Pour Jean-Christophe Detrain, qui anime un balado sur le MCU appelé Les Clairvoyants, le côté humain des films de Marvel est l’un des éléments clés de leur réussite. « On va au-delà du superhéros. On s’intéresse plus aux individus qu’à leur fonction, remarque- t-il. [Les studios Marvel ont] choisi très vite de ne pas faire des films de superhéros, mais des films de genre avec des superhéros. La nuance est importance parce qu’on se retrouve du coup avec plein de possibilités. On a ainsi des films aussi différents que ceux de Capitaine America et ceux des Gardiens de la galaxie, qui sont vraiment à l’opposé en termes de ton et de traitement. »

La fin du début

Comme bien des fans, Jason Lee Rockman et Jean-Christophe Detrain s’entendent pour dire qu’Avengers : Endgame des frères Anthony et Joe Russo marquera non seulement la fin de la phase 3, mais aussi la fin d’une époque. Des héros tels Iron Man, Capitaine America ou Thor pourraient ne pas survivre à l’aventure. « J’espère que les personnages qui passeront le flambeau auront une fin digne de ce nom et, pour les autres, ce sera l’occasion de briller par la suite », souhaite Jean-Christophe Detrain.

Toutefois, l’ère des superhéros ne fait que commencer. « Le catalogue de Marvel est suffisamment vaste pour qu’ils trouvent des personnages intéressants à nous balancer dans les 10 prochaines années », souligne l’auteur. 

« La clé est de suivre les arcs narratifs des comics. De plus, avec l’arrivée prochaine des X-Men et des Fantastic Four, il devrait y avoir encore plus de crossovers. J’ai hâte ! », conclut Jason Lee Rockman.

Avengers : Endgame prendra l’affiche le 26 avril.