Jusqu'à tout récemment, la couverture du Festival international du film de Toronto (TIFF) n'était qu'un rêve pour la journaliste indépendante de Los Angeles Yolanda Machado.

La journaliste, qui a écrit pour des publications comme Marie Claire et Harper's Bazaar, et qui s'occupe du blogue sassymamainla.com, admet qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir y assister un jour, en raison des coûts. Elle explique que les publications paient généralement l'hébergement et le déplacement de leurs propres journalistes, mais les pigistes - dont de nombreux journalistes issus des minorités - doivent souvent assumer ces frais eux-mêmes.

La situation de Yolanda Machado, qui fait partie de la communauté latino-américaine, a toutefois changé le mois dernier lorsque le TIFF lui a envoyé un courriel l'invitant à participer à sa nouvelle initiative d'«inclusion médiatique».

Pour la première fois cette année, le TIFF espère accroître de 20% la diversité de la presse qui couvre le festival. Cela représente jusqu'à 200 nouveaux critiques et journalistes qui offriront une plus grande diversité en matière d'héritage culturel, de genre, d'orientation sexuelle et de situation de handicap. Le TIFF dit répondre ainsi aux demandes de l'industrie d'élargir le débat et la diversité d'opinions pendant le festival.

«Souvent, ce qui se produit, c'est que vous obtenez une réaction particulière lors de la première d'un film qui reflète les médias présents, l'industrie qui se trouve là-bas», explique Cameron Bailey, directeur artistique du festival. «Ensuite, le film est projeté dans l'ensemble de la population et la réaction peut être différente - elle peut être plus forte, moins forte ou simplement différente -, parce que le grand public n'est pas représenté dans l'assistance des festivals, pour toutes sortes de raisons historiques.»

Dans le cadre de cette initiative, le TIFF a inclus un sondage volontaire dans son formulaire d'accréditation de presse cette année. afin d'avoir une idée de l'identité des journalistes et de la façon dont ils s'identifient.

Le TIFF a également contacté des journalistes et des critiques culturels qui reflètent l'éventail des opinions qu'ils recherchent, mais qui n'avaient jamais assisté au festival auparavant: ils leur ont offert des accréditations complètes pour le festival.

Grâce à la contribution financière de plusieurs entreprises, de donateurs de l'industrie et du public, le TIFF a offert à une centaine de critiques quatre nuitées à l'hôtel pendant le festival, et le remboursement de leurs frais de déplacement pour venir à Toronto.

«L'accès à ces festivals est essentiel, surtout si vous voulez être perçu comme un professionnel», a souligné Mme Machado. «Plus on nous donne d'accès, plus nous sommes présents sur le terrain et plus les critiques de films seront diversifiées.»

Danielle Solzman, journaliste indépendante transgenre de Chicago, raconte avoir contacté le TIFF dès qu'elle a entendu parler de l'initiative. Pour la première fois cette année, elle a maintenant une accréditation pour couvrir le festival. «Je pense que cela fait une différence, en particulier quand près de 80% (des critiques de films), du moins ceux répertoriés sur le site »Rotten Tomatoes«, sont des hommes blancs cisgenres», note-t-elle.