Denis Villeneuve a été mis en garde par le réalisateur du premier Blade Runner, Ridley Scott : s'il ne faisait pas correctement ses devoirs, la suite du film mythique pourrait bien être un «désastre». Le réalisateur québécois dit avoir été motivé par ce conseil et si l'on en croit les premières critiques internationales, il est loin d'avoir échoué.

«Il m'a dit: "C'est ta responsabilité. Si tu fais tes devoirs correctement, ce pourrait être fantastique. Si tu ne les fais pas, ce pourrait être un désastre"», s'est-il souvenu en riant, jeudi, lors d'une entrevue dans un hôtel montréalais.

«Il m'a serré la main et m'a dit : "Bonne chance"».

Denis Villeneuve a été marqué par la sortie de Blade Runner en 1982, et son objectif dans cette suite était d'abord et avant tout d'écrire une «lettre d'amour» à l'oeuvre originale.

Lorsqu'il a rencontré Ridley Scott, qui est producteur exécutif du film, ce dernier lui a donné carte blanche, c'était «son projet». «J'avais la responsabilité entière sur les épaules, et je n'aurais pas été capable de faire le film autrement», a-t-il déclaré.

Le cinéaste s'est approprié le projet, mais il voulait aussi retrouver plusieurs éléments du premier film dans la suite, dont le mélange entre science-fiction et film noir, et cette «magnifique mélancolie» qui l'avait touché à l'époque.

La musique et le son s'apparentent aussi à ce que les cinéphiles ont entendu dans l'oeuvre de Ridley Scott.

Villeneuve dit avoir profité de plus de liberté du côté visuel; les effets spéciaux sont plus actuels et impressionnants que le film original pour les yeux des spectateurs d'aujourd'hui.

Les effets ont bien sûr été retravaillés par ordinateur, mais le réalisateur a tenu à garder un «sentiment de réalisme» dans toutes les scènes.

«Le film a très peu de plans qui ont été complètement fabriqués. Le reste, ce sont tous des plans, des images tournées on camera et qui ont été après ça retravaillées par ordinateur», a-t-il expliqué en entrevue, jeudi, dans un hôtel montréalais.

Réflexion sur les robots

Un autre thème que l'on retrouve dans ce deuxième film: une réflexion profonde sur le rapport des humains avec la technologie.

Les robots appelés «replicants» sont de retour et leur présence suscite des questions encore plus pertinentes de nos jours, selon le réalisateur québécois.

«Quand le premier Blade Runner est sorti en 1982, c'était à l'aube de l'informatique. À la maison, à domicile, où les gens commençaient à acheter des ordinateurs. Aujourd'hui, notre relation avec la technologie a décuplé; ça modifie nos rapports sociaux, nos rapports intimes de manière assez puissante», a-t-il ajouté.

«Un nouveau film de Blade Runner, pour moi, est juste plus pertinent; d'en faire un après toutes ces années nous remet un miroir dans la figure.»

> Voyez la bande-annonce de Blade Runner 2049 :

Toujours intéressé par la science-fiction

Les deux derniers projets de Denis Villeneuve, Arrival et Blade Runner 2049, sont des films de science-fiction et Dune, sur lequel il travaille en ce moment, devrait être dans la même veine.

Le réalisateur n'a pas voulu trop s'avancer sur ce dernier projet, qui est encore au stade embryonnaire - le scénario n'a pas encore été écrit -, mais il souligne que «ce sera d'une ampleur qu'il n'a jamais approchée encore».

Denis Villeneuve, qui a abordé plusieurs styles cinématographiques au cours de sa carrière, espère continuer à faire de la science-fiction.

«Je trouve ça épuisant faire de la science-fiction. Ça demande beaucoup, créer des mondes, mais c'est enivrant en même temps. J'ai adoré ça», a-t-il affirmé.

Mais tout dépend de l'histoire, car c'est cela qu'il l'intéresse d'abord et avant tout. «Je n'aborde pas les films par genre. Je regarde l'histoire et l'aventure humaine», a-t-il conclu.

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Blade Runner 2049 en bref:

- Le film sera sur les écrans québécois le 6 octobre.

- Il met en vedette Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana de Armas, Sylvia Hoeks et Robin Wright.

- Le film aurait coûté jusqu'à 185 millions $ US, selon le Hollywood Reporter.

- Tout comme le premier film, il s'inspire du roman Do Androids Dream of Electric Sheep?, de Philip K. Dick.