Nils Oliveto, ancien athlète de haut niveau, spécialiste du lancer du marteau et bobeur, gagne maintenant sa vie à titre de comédien, tant aux États-Unis qu'ici. Celui qui a été embauché par Radio-Canada comme analyste de compétitions sportives il y a quelques mois à peine est également cinéaste.

Samedi soir, il a présenté en primeur mondiale sa nouvelle offrande au cinéma Impérial, Objects in Mirror Are Closer Than They Appear, long métrage « contemplatif expérimental » dans lequel un homme tente de se reconstruire après avoir été abandonné par sa dulcinée au pied de l'autel de l'église le jour de ses noces.

Il y a trois ans, Nils Oliveto avait lancé For the Love of Poe au Festival des films du monde également. Fort de son expérience précédente, et ayant bien mesuré tous les enjeux, le cinéaste a choisi de revenir au FFM. Il est cette année le seul réalisateur québécois à lancer un long métrage de fiction au festival que dirige Serge Losique. Son film est inscrit dans la section Regards sur les cinémas du monde.

« Je tenais à revenir parce que je suis de Montréal, indiquait hier Nils Oliveto au cours d'un entretien accordé à La Presse. Il était important à mes yeux de lancer le film ici, d'autant qu'on m'a donné la chance de pouvoir le présenter au cinéma Impérial. Cela dit, je me suis quand même posé la question avant de venir. Avec tout ce qui se passe depuis quelques années autour de ce festival, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? J'estime que oui, parce que malgré la perception générale qu'on a de ce festival chez nous, qui n'est pas la même que celle qui tient toujours à l'étranger, notamment dans les pays asiatiques, il reste qu'un film comme le mien, fabriqué de façon totalement indépendante, n'a pas souvent l'occasion de se faire valoir de la sorte. »

UNE « PROPOSITION PARTICULIÈRE »

Nils Oliveto est aussi bien au fait de l'espèce de stigmatisation entourant le FFM, car il en a été le témoin privilégié à l'époque de la présentation de son film précédent.

« Parce que mon film était associé à ce festival, les distributeurs québécois l'ont rejeté d'emblée, explique-t-il. Ce n'est pas qu'ils l'ont trouvé mauvais ; ils n'ont même pas voulu le voir ! Je ne sais pas si ce sera pareil avec celui-ci, mais je m'en fiche un peu, pour être bien honnête. Je suis conscient qu'un film de cette nature, composé de scènes statiques, peut susciter des réactions autant positives que négatives. Je suis fier de cette proposition particulière. »

« Comme j'ai été formé aux États-Unis, mon approche est très similaire à celle du cinéma américain indépendant. C'est un cinéma que j'admire, qui se fabrique sans subventions. C'est ce que je fais, car je n'aurais pas la patience d'attendre l'avis des institutions. »

Écrit, réalisé et produit par Nils Oliveto, qui tient aussi (très bien) le premier rôle, Objects in Mirror Are Closer Than They Appear vaut essentiellement pour sa construction formelle, ainsi que pour l'approche qu'emprunte le cinéaste afin de décrire les affres de la dépression. Les personnages périphériques ne sont toutefois pas aussi bien dessinés, et la qualité de jeu d'une distribution composée de professionnels et de non-professionnels est inégale.

LA CONDITION DE L'ACTEUR

Le comédien Maxime Genois, qui vient de réaliser Le clown, un premier - et très bon - court métrage, adopte un peu la même attitude que Nils Oliveto quand vient le moment d'évoquer sa participation au FFM. « Cela m'a permis de présenter mon film sur grand écran, au Cinéma du Parc, un cinéma que je fréquente moi-même beaucoup, a-t-il dit en entrevue à La Presse. Nous n'avons pas si souvent l'occasion de présenter un court métrage dans une salle. »

Lancé le printemps dernier dans le cadre de Talent tout court, programme de courts métrages orchestré par Téléfilm Canada à l'occasion du Festival de Cannes, Le clown propose une réflexion sur le métier d'acteur à travers le parcours d'un comédien (excellent Emmanuel Schwartz) qui gagne sa vie en faisant le clown dans des fêtes d'enfants, surpris de se retrouver au milieu d'un groupe d'étudiants qui ont eu envie de se payer sa tête. « En tant que comédien sorti du Conservatoire il y a deux ans, ce film constitue une façon d'aborder mes appréhensions. Quand tu arrives dans le milieu après avoir fait tes études, il y a là quelque chose de très confrontant », indique le cinéaste.

APPRENDRE SA NOMINATION DANS... LA PRESSE+ !

Le clown est inscrit dans la compétition mondiale des courts métrages. Danny Lennon, créateur de Prends ça court !, nous a confirmé présider le jury, bien qu'il ait appris sa « nomination » en lisant La Presse+ plus tôt cette semaine. « Mon but est de défendre le court métrage, a déclaré le président. C'est ce que je fais depuis plus de 15 ans, et il y a une très bonne sélection au FFM cette année. J'ai réuni quatre autres jurés, dont un est issu du public. On dévoilera leur identité au moment de l'annonce du palmarès. Pour l'instant, les jurés regardent les films. On délibérera demain [aujourd'hui]. »

UN FILM FRANÇAIS RATÉ

Ne nous éternisons pas sur le seul représentant de la francophonie dans la compétition mondiale. Des amours, désamour, film de Dominic Bachy qui a pris l'affiche en France dans l'indifférence des médias et du public il y a quelques mois, est une comédie romantique qu'on dirait écrite par un recalé de 2e secondaire.

Les gags sont prévisibles des kilomètres à l'avance et le discours qu'on y tient sur les rapports hommes-femmes est ahurissant. Ce film, évidemment tapissé de chansons en anglais, est tout simplement indigne d'une vraie compétition dans un festival de cinéma. Des applaudissements se sont néanmoins fait entendre à la fin de la projection, hier matin.

UN FILM DE CLÔTURE GRATUIT

Le titre du film de clôture, qui suivra la cérémonie de remise de prix, lundi soir à 19 h, n'a pas encore été révélé, mais la direction du FFM a toutefois annoncé que cette séance serait gratuite. On peut se procurer dès maintenant les billets au guichet du cinéma Impérial. Avis aux intéressé (e)s.