Québecor vient au secours du cinéma Impérial, monument historique montréalais inscrit au Répertoire du patrimoine culturel du Québec, mais qui était aux prises avec de graves difficultés financières et menacé de décrépitude à moyen terme.

Hydro-Québec avait même coupé l'électricité cet été dans ce «super palace» d'inspiration renaissance construit en 1913, témoin de l'époque où Montréal comptait des dizaines de magnifiques salles de cinéma et de spectacles.

Le cinéma Impérial est aujourd'hui un organisme sans but lucratif (OSBL) présidé par Serge Losique, directeur du Festival des films du monde (FFM). Viacom, l'entreprise mère de Famous Player, avait donné l'Impérial au FFM en 1995. Québecor était par ailleurs déjà commanditaire du FFM, lui aussi en sérieuses difficultés financières à la suite du retrait des institutions publiques.

Québecor a annoncé mardi qu'elle rachète la «lourde dette hypothécaire» de l'Impérial, ce qui permettra à l'OSBL de demeurer propriétaire de l'immeuble et d'éviter les procédures judiciaires de reprise de possession par les créanciers.

Québecor devient par ailleurs «locataire prioritaire» de l'Impérial, sans préciser ce que l'entreprise compte y faire. Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a simplement indiqué qu'on souhaitait «offrir au cinéma Impérial toute la force de Québecor afin qu'il puisse développer son plein potentiel et retrouver ses lettres de noblesse». M. Péladeau promet d'épauler l'organisation dans sa mission, «pour le plus grand bénéfice des artisans d'ici et de la population».

Québecor a déjà mis sur pied en 2008 le projet «Éléphant», qui restaure et reporte sur support numérique, petit à petit, les longs métrages québécois. Verra-t-on la renaissance d'un cinéma répertoire à Montréal?

Nouveau conseil d'administration

Par ailleurs, les activités de l'Impérial seront maintenant supervisées par un nouveau conseil d'administration, dont deux des six membres seront issus de Québecor. Serge Losique et son fils François Beaudry-Losique demeurent au sein du conseil, et deux autres membres seront nommés plus tard. Québecor précise que ce nouveau conseil d'administration «aura pour mandat de développer la mission et la programmation culturelles de l'Impérial afin d'assurer sa stabilité financière».

L'Impérial retrouvait sa vocation le temps de festivals de films et de premières «tapis rouge», et il servait de quartier général au FFM, qui en avait hérité. «Ayant voué ma vie au cinéma, je suis aujourd'hui rassuré que l'Impérial puisse compter sur Québecor, une entreprise reconnue pour son engagement sincère envers la culture», indiquait mardi Serge Losique dans un communiqué.

Son fils François, directeur général du cinéma Impérial, s'est dit soulagé «de ne pas perdre notre immeuble et très enthousiaste de ce partenariat avec Québecor».

«Le cinéma Impérial pourra désormais bénéficier de l'expertise d'une entreprise solide et fortement ancrée dans l'industrie culturelle au Québec. Nous travaillerons ainsi ensemble afin d'insuffler à l'Impérial un nouveau souffle pour développer ses activités et retrouver une stabilité financière.»

Selon la fiche du Répertoire du patrimoine culturel du Québec, le «théâtre Impérial» avait notamment été loué à partir de 1934 à Léo-Ernest Ouimet, fondateur du «Ouimetoscope», qui y présente des concerts, des films et des pièces de théâtre - Gratien Gélinas y a joué ses «Fridolinades». Dans les années 1980, l'Impérial devient le premier cinéma montréalais à être doté d'un système «THX» qui, «avec ses 50 haut-parleurs et la présentation de films en format 70 mm, lui vaut la réputation de meilleure salle de cinéma de la ville».