L'acteur américain Sam Shepard, connu pour sa présence à l'écran et plusieurs rôles marquants, mais aussi pour ses qualités d'auteur, est décédé jeudi, a annoncé lundi un porte-parole de la famille.

Le comédien qui avait été nommé pour l'Oscar du meilleur second rôle en 1983 pour The Right Stuff s'est éteint dans sa résidence du Kentucky, a précisé le porte-parole. Il y possédait une ferme avec des chevaux.

Agé de 73 ans, Samuel Shepard Rogers, de son nom complet, est décédé des suites d'une sclérose latérale amyotrophique, maladie neurodégénérative également appelée maladie de Charcot, a indiqué le porte-parole.

Pour les spectateurs, Sam Shepard était un acteur charismatique, dont la présence a illuminé le palmé Days of Heaven, de Terrence Malick, et The Right Stuff de Philip Kaufman.

Discret sur sa vie privée et donnant très peu d'entrevues, ce comédien incarnait, du haut de son 1,88 m, la classe naturelle de certains acteurs américains, mélange de nonchalance et de gravité.

Mais il était bien plus qu'un simple interprète: cet auteur prolifique a notamment été récompensé par un prix Pulitzer pour sa pièce Buried Child, en 1979.

Le jury du Pulitzer avait alors salué son écriture «exceptionnellement divertissante», «au lyrisme exubérant».

«Une vision profonde» 

Au cours de sa longue carrière, il a écrit près de 50 pièces, mais également des scénarios, notamment pour Robert Altman, avec Fool For Love, Michelangelo Antonioni avec Zabriskie Point ou Wim Wenders, avec Paris, Texas, Palme d'or à Cannes en 1984.

Il a été l'amant de la chanteuse et poète Patti Smith, mais surtout de l'actrice Jessica Lange, dont il a partagé la vie durant près de trente ans, et avec laquelle il a eu deux enfants. Il avait eu un premier enfant avec l'actrice O-Lan Jones, en 1970.

Il a partagé l'affiche à plusieurs reprises avec sa compagne à la vie, notamment dans Frances et Fool for Love (adapté d'une de ses pièces). Leur couple étant considéré comme l'un des plus glamours de Hollywood, même si tous deux ne goûtaient que très modérément strass et paillettes.

Plusieurs de ses pièces ont été adaptées en France, notamment Cowboy Mouth, écrit avec Patti Smith, Simpatico ou Fool For Love.

«Pour moi, le temps le distinguera comme l'une des voix les plus importantes, qui a narré l'aventure américaine avec une vision profonde et une sensibilité pour exprimer nos angoisses et nos espoirs les plus profonds», a réagi Gary Grant, professeur de théâtre à l'université Bucknell, qui a mis en scène plusieurs pièces de Sam Shepard.

Né en Illinois, Sam Shepard avait grandi en Californie, une enfance marquée par un père pilote de chasse et alcoolique, qui s'en prenait souvent physiquement à sa famille.

Cette période de sa vie, le personnage de son père, et la relation qu'il entretiendra avec lui jusqu'à sa disparition ont profondément marqué sa vie et son oeuvre.

Au fil de ses pièces, il a ainsi inventé de nombreux personnages tourmentés, décalés, souvent désespérés, qui peinent à trouver leur place sur terre.

Totalement absent d'internet et des réseaux sociaux, il était, en revanche, très impliqué dans l'enseignement et a donné de nombreux cours et conférences sur le théâtre et l'écriture.

«Sam Shepard est un grand», a écrit Beau Willimon, créateur de la version américaine de la série télévisée House of Cards. «Ces yeux ont vu beaucoup et il a écrit ce qu'il voyait avec une courageuse honnêteté intemporelle.»

Sam Shepard dans Days of Heaven (1978).