Independence Day : Resurgence, suite très attendue du succès de Roland Emmerich de 1996, a pris l'affiche vendredi au Québec. Deux Montréalais, James A. Woods et Nicolas Wright, ont été parmi les principaux scénaristes du film, avec Emmerich, Dean Devlin et James Vanderbilt. Nous les avons joints à Los Angeles, quelques heures avant la première mondiale.

Les scénaristes nous ont raconté ce que c'est que de mettre la main dans le plat de bonbons, car ces deux comédiens de métier ont pu coucher sur papier tous leurs fantasmes de film d'action, sans aucune limite de production. Bref, ils réalisent rien de moins qu'un rêve d'enfance et continuent de se pincer pour y croire. Entretien très enthousiaste, et bilingue, avec deux amis qui affirment partager « le même cerveau » et qui ont, manifestement, le vent dans les voiles.

Qu'est-ce que représente Independence Day pour vous, et quand l'avez-vous vu pour la première fois ?

Nicolas Wright : J'avais 13 ans, et j'étais en vacances à Vancouver avec mon père. J'ai été époustouflé ! Si on m'avait dit à ce moment-là que j'allais écrire la suite 20 ans plus tard, ma tête aurait explosé ! C'est vraiment incroyable de faire partie de ce projet.

James A. Woods : J'avais 15 ans et je suis allé le voir avec quelques chums. Évidemment, c'est exactement le genre de film qui plaît aux gars de 15 ans. De bonnes jokes, des explosions, de l'action, deux heures de plaisir. Nic et moi, on partage la même passion pour les films spectaculaires à gros budget, plus grands que nature, avec le bien contre le mal... C'est un des films que j'adorais et que j'adore encore. Moi aussi, si on m'avait dit que j'allais écrire la suite, ma tête aurait explosé !

Comment avez-vous été impliqués dans ce projet ?

J. W. : Nic et moi, on était comédiens depuis le début des années 2000, on s'est fait caster dans un film à Montréal et on a fait une télésérie pendant trois saisons. On a commencé à tenter notre chance en scénarisation vers 2007. Je laisse Nic raconter le reste...

N.W. : On a écrit quelques téléséries et quelques projets qui sont entrés en développement, mais qui n'ont pas abouti. Mais c'était bien, parce qu'on devait apprendre. Après, on a commencé à écrire des longs métrages d'action, à gros budget. C'était un guess, un one shot. J'ai rencontré Roland [Emmerich] sur un tournage à Montréal, White House Down, et on a développé une relation. Ensuite, j'ai demandé à son directeur si on pouvait le rencontrer pour un projet qu'on pensait bon pour Roland et il l'a acheté. Il était emballé. Une expérience folle ! 

J.W. : On a vraiment vécu une semaine qui a changé notre vie. On a vendu ce scénario à Roland et, en même temps, on a vendu un autre scénario à Sony Studios. Soudainement, notre agence a réagi. « Attendez, les gars, vous venez de vendre deux énormes films, qu'est-ce qui se passe ? » La porte était ouverte et tout le monde nous prenait au sérieux, on rencontrait les bonnes personnes pour les bons projets. Ça prend juste le premier pas, vraiment. Et Roland, quand il parlait à Fox, nous a invités pour voir ce qui allait arriver ; il pouvait compter non seulement sur le projet qu'il avait acheté, mais aussi sur celui de Sony. Pendant un temps, Independence Day : Resurgence a été développé avec Will Smith, qui s'est retiré pour toutes sortes de raisons, et le scénario avait besoin d'air frais, et nous avons été les chanceux qui l'apportaient.

C'est important pour un comédien d'avoir plusieurs cordes à son arc ? Vous aimez mieux écrire ou jouer ?

N.W. : Oui, c'est important, c'est essentiel, même. Nous n'aimons pas glander, et la vie d'un acteur qui attend près du téléphone... Nous voulions créer des choses. Je pense que les deux sont gratifiants, jouer est incroyable, mais c'est merveilleux d'être un scénariste, parce que d'une certaine façon, tu joues tous les rôles, tu crées les voix de tous les personnages. Et de s'impliquer dans toutes les étapes d'une histoire, comme scénariste, c'est suprêmement gratifiant.

J.W. : Quand tu as passé tellement d'années à n'avoir aucun choix ou aucun contrôle sur ce que tu peux faire ou ne pas faire et que, soudainement, tu tiens les clés du pouvoir, c'est le fun !

N.W. : C'est vraiment la liberté, il n'y a pas de limites, avec les ordinateurs et les effets spéciaux. Littéralement aucune limite pour le scénariste et ce qu'ils sont capables de produire aujourd'hui ! J'ai vu le film pour la première fois et ça m'a soufflé tellement il y a des scènes qui sont envoûtantes.

En effet, ce doit être impressionnant de voir son scénario prendre vie sur grand écran...

J.W. : Nic et moi, on a les mêmes goûts, Indiana Jones, Back to the Future, Goonies, Jurassic Park, Star Wars, tous ces films emblématiques qui ne sont que du plaisir, du spectaculaire, et de voir maintenant à quel point la technologie est avancée... Pendant la scénarisation, on demandait à Roland : « Penses-tu vraiment qu'on peut faire ça ? » et il répondait toujours : « On peut faire tout ce qu'on veut ! » C'est incroyable à quel point il n'y a pas de limites à notre imagination et tout ce qui peut être exécuté à l'écran. La première journée qu'on a tourné au Nouveau-Mexique, ça faisait un an qu'on scénarisait, qu'on vivait un rêve, et de mettre le pied sur ce plateau-là, sachant qu'on avait cinq mois de tournage avec la meilleure équipe au monde et un budget astronomique, c'était quelque chose. On a presque versé des larmes, tellement c'était émouvant.

Mais vous n'aurez plus le temps de jouer, car vous avez d'autres projets !

N.W. : Ne vous inquiétez pas, pour chaque scénario qu'on fait, on a un rôle dedans ! On est obsédés par les plateaux et le but de chaque scénariste est de voir son script avoir le feu vert. Là, on a fini le premier jet de Stargate.

J.M. : Le film que nous avons vendu à Roland se nomme Rise et il va être envoyé dans les différents studios dans les mois à venir. Ils sont excités par le fait que c'est Roland, le producteur, et nous, les scénaristes. Ça fait deux ans qu'on travaille sans arrêt sur le scénario, et il y a tout un casting prêt à être relâché dans le monde...

Quelle est la difficulté d'écrire une suite à un film que tout le monde a vu ?

N.W. : Il y a beaucoup de pression, c'est sûr. Les attentes sont vraiment grandes. Il y a beaucoup de suites de film aussi. Le défi est de satisfaire les fans des années 90 et de faire quelque chose d'accessible pour une nouvelle génération qui n'a pas vu le premier. Réunir ces deux mondes, c'est le plus grand défi. J'espère que les jeunes de 15 ans vivront la même expérience que celle que nous avons vécue en 1996. Ce qui est bien, c'est que les films de Roland, malgré toutes les destructions qu'on peut voir à l'écran, sont toujours remplis d'espoir. Beaucoup de films sont cyniques, avec le côté le plus sombre de l'humanité, de la conspiration et de la paranoïa. Mais Roland crée une planète qui est unifiée. Le sens profond du film est cette unité globale.

Quelle est la chose la plus importante que vous avez apprise dans cette production, comme scénaristes ?

J.W. : Que les extraterrestres n'existent pas. Nous devons utiliser des ordinateurs [rires]. Ce serait impossible pour moi de trouver la chose qui est la plus importante, mais j'ai réalisé, par pur miracle, qu'on a bien fait de rêver et de pouvoir faire partie de la machine du cinéma américain. Je pense qu'on a notre place. De savoir que c'est devenu réalité, c'est incroyable. Tous les jours, on se pince pour voir si on est en vie.

N.W. : De côtoyer Roland, qui est un réalisateur-scénariste. Je n'ai jamais vu quelqu'un travailler aussi fort que cet homme. Il travaille constamment. Je pense que l'une des choses qu'on va retenir, c'est son éthique de travail, et de ne jamais arrêter.

Vous devez bien sûr garder le secret, mais pouvez-vous nous dire quelque chose sur l'intrigue ?

J.W. : C'est très simple : ILS reviennent [rires]. Honnêtement, c'est le seul secret et ça n'a jamais été un secret. Il y a beaucoup de plaisir, une humanité qui se bat pour la Terre, des scènes imposantes, une tonne d'action... Il n'y a pas de plus gros secret que de suivre la formule du premier film et j'espère que c'est ce qu'on a fait.

Independence Day : Resurgence (Independence Day : Résurgence) est présentement en salles.

PHOTO FOURNIE PAR  TWENTIETH CENTURY FOX

Nicolas Wright et Jason A. Woods ont commencé à écrire des scénarios ensemble en 2007.

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James A. Woods