Ten Years, un film d'anticipation controversé sur l'avenir de Hong Kong face à l'influence chinoise, a obtenu la plus haute distinction récompensant le cinéma de l'ancienne colonie britannique, après avoir cartonné au box-office local et suscité l'ire de Pékin.

Cette contre-utopie sur le Hong Kong de 2025 a été sacrée «meilleur film» dimanche soir au Hong Kong Film Awards, après un passage dans les salles obscures qui fut écourté, selon de nombreux observateurs, pour des raisons politiques.

Certains cinémas ont même refusé de montrer ce film, une succession de cinq pastilles qui surfent sur les peurs refoulées de l'ex-colonie britannique. En Chine, le journal officiel Global Times a jugé qu'il s'agissait d'un «virus de l'esprit», d'un film «totalement absurde».

Les principales chaînes de télévision de Chine continentale ont renoncé à diffuser la cérémonie de remise des prix, décision qui aurait été motivée par la nomination de Ten Years à la cérémonie.

Selon les termes de la déclaration sino-britannique de 1984, le retour de Hong Kong dans le giron chinois en 1997 s'est fait en échange d'une «large autonomie» et le territoire jouit théoriquement jusqu'en 2047 de libertés inconnues ailleurs en Chine.

Dans les faits, les autorités locales sont tenues en bride par Pékin et de nombreux Hongkongais sentent la mainmise chinoise se durcir.

Ng Ka-leung, l'un des réalisateurs du film, a expliqué à la presse ne faire aucun cas de l'opinion de Pékin, que seul comptait l'avis des Hongkongais.

«Si vous me demandez ce que Pékin peut penser de nous, je dirais que ça n'a pas vraiment d'importance. Ce film a été fait pour le peuple de Hong Kong. Nous sommes ouverts à tous, qu'ils l'aiment ou pas. Nous voudrions que les gens pensent à l'avenir de Hong Kong».

Derek Yee, président du Hong Kong Film Awards a reconnu que la nomination du film --qui imagine entre autres qu'en 2025 de jeunes «gardes rouges» feraient régner la terreur sur la ville-- avait suscité la controverse.

«Le président Roosevelt a dit une chose: la seule chose qui doit faire peur c'est la peur elle-même», déclare-t-il.

Sorti fin décembre, cette fiction au budget modeste (un demi million de HKD, soit 70 000$ environ) a engrangé six millions de HKD de recettes. Sa diffusion a cessé alors que les salles étaient encore pleines à craquer.

Il a cependant été vu vendredi par des milliers de personnes lors de sa diffusion dans des salles associatives.