Sous la charpente fragile et menue de cette fille à peine entrée dans la vie adulte, brûle un feu alimenté par le désir du jeu, de la création.

À l'horizon, Karelle Tremblay, 19 ans, voit les métiers d'actrice, de scénariste et de réalisatrice. Et lorsqu'elle jette un coup d'oeil sur sa vie passée, le constat est le même. Le monde du jeu est ancré en elle.

Vers 6 ou 7 ans, ses parents lui ont fait rencontrer une agente d'artistes qu'elle a mitraillée de mille et une questions sur le métier. À 9 ans, elle faisait sa première audition. À 12 ans, elle décrochait son premier rôle dans Le club des doigts croisés, série jeunesse de Radio-Canada.

Depuis, ça ne  s'arrête plus. L'année 2015 a été extrêmement occupée pour la comédienne vue dans le long métrage Corbo de Mathieu Denis, la série jeunesse Jérémie, dont elle défend le personnage principal, et Les êtres chers, film d'Anne Émond.

Dans ce long métrage, Karelle devient Laurence, jeune femme qui célèbre la vie en dépit d'un lourd héritage familial ayant frappé son père et son grand-père.

«La sensibilité de Laurence me ressemble beaucoup, dit la comédienne. Et sa curiosité aussi. C'est important d'être curieux, de se poser des questions, de s'intéresser aux gens et de vouloir apprendre des choses. Laurence est la plus curieuse de cette famille. C'est elle qui décide de ne pas prendre le même chemin que son père et son grand-père. Ils avaient tout pour être heureux, mais avaient pourtant un mal de vivre. Or, ils n'étaient pas curieux.»

«Karelle ne joue pas. Elle vit ses personnages d'une façon rare, dit son grand ami, le comédien Jean-Carl Boucher, qui lui a donné le rôle principal de son premier film, Kelly dans le noir, qu'il espère tourner à l'été 2016. Pour chaque personnage, elle fait de longues recherches, elle pose toutes les questions. C'est vital chez elle. C'est très mature pour son âge.»

Karelle Tremblay n'a pas étudié pour devenir comédienne. Actuellement, elle suit des cours d'anglais pour polir son accent. Elle songe à aller dans une école de théâtre en Europe.

Au cinéma, elle rêve de jouer avec Natalie Portman, de décrocher un rôle dans un film de Wes Anderson ou d'Harmony Korine.

Par-dessus tout, elle souhaite toujours repousser ses limites. «Je rêve d'incarner des choses qu'au départ, je me crois incapable de faire. Je m'engage tout le temps dans un projet avec peu de confiance. Mais je me dis que je vais travailler fort et qu'en fin de compte, les gens vont dire que c'est bon.»

Être créative

Hors du jeu, elle voit deux avenues: écrire, réaliser.

«Être actrice, c'est super créatif. Mais tu incarnes ce que d'autres gens écrivent. J'ai l'impression que je me sentirais plus créative en écrivant et réalisant. J'aimerais écrire sur des choses dont j'ai besoin de me débarrasser, des choses qui me rongent.»

Thérapeutique? Exact, répond-elle simplement.

Entière, vous dites...

Mais nous n'en sommes pas encore là. Chaque chose en son temps. En 2016, on verra Karelle Tremblay dans la deuxième saison de Jérémie, dans les films Nelly d'Anne Émond et King Dave de Podz. Et, au retour des Fêtes, elle deviendra une détenue dans Unité 9.