Il y a six ans, le réalisateur Pete Docter et le producteur Jonas Rivera des studios Disney Pixar nous avaient éblouis avec Up (Là-haut), film d'animation «oscarisé» au scénario charmant. Ils refont tandem avec Inside Out (Sens dessus dessous), oeuvre où ils ont su se réinventer. La Presse a rencontré le réalisateur.

Les ballons multicolores du long métrage Là-haut, sorti en 2009, se sont métamorphosés en sphères d'émotions dans Sens dessus dessous, plus récent opus d'animation des studios Disney Pixar, dont la sortie est attendue le 19 juin prochain.

Quant au terrain de jeu de l'histoire, il change du tout au tout. Alors que petits et grands étaient invités à faire un grand voyage en ballon au-dessus des Amériques dans Là-haut, ils seront pratiquement confinés à l'intérieur d'un cerveau humain dans Sens dessus dessous.

Le cerveau en question est celui de Riley, une gamine de 11 ans entraînée dans un déménagement de l'État du Minnesota à San Francisco. Or, à la joie d'abord engendrée par cette nouvelle aventure succèdent la tristesse, la colère, le dégoût et la peur.

Joie, tristesse, colère, dégoût, peur. Notez bien ces cinq émotions qui, encore plus que Riley, sont les cinq principaux personnages du film, a pu constater La Presse au terme d'un visionnement des 56 premières minutes de l'oeuvre, à Toronto.

«L'idée originale m'est venue en voyant grandir ma propre fille de 12 ans, raconte Pete Docter, dont le CV est impressionnant avec la réalisation de Là-haut et Monstres et Cie ainsi que les scénarios d'Histoire de jouets 1 et 2 et Wall-E. Un jour, en la voyant changer d'humeur, je me demandais ce qui pouvait bien se passer dans sa tête.»

En cours de recherches pour le film, les artisans ont mené des entrevues avec quantité de neurologues, psychologues et autres spécialistes sur ce qui se passe au-dessus des épaules.

«Les études existantes affirment que de tous les êtres vivants sur la Terre, ce sont les jeunes filles de 11 à 15 ans qui sont les plus sensibles et réceptives aux changements sociaux. De choisir Riley, 11 ans, pour camper notre histoire était donc le gros bon sens», dit Pete Docter.

Sphères colorées

Sens dessus dessous, c'est un peu le fonctionnement du cerveau raconté aux enfants et à leurs parents. Une sorte de «Le cerveau pour les nuls», version multicolore et imagée.

À la base de tout cela, on l'a dit, se trouvent les cinq émotions, chacune représentée par un personnage d'une couleur différente. Rencontrez donc Joie, personnage jaune brillant à qui l'humoriste Amy Poehler prête la voix. Elle est entourée de Tristesse (bleue), Dégoût (vert), Peur (mauve) et Colère (rouge).

Dans la tête de Riley, les cinq comparses sont témoins, à travers les yeux de la fillette (jolie idée), de ce qui se passe à l'extérieur. Et réagissent en conséquence. L'équilibre règne jusqu'à ce que la machine s'emballe...

On n'en dira pas plus du scénario pour l'instant. Mais on peut toutefois ajouter que l'histoire se déroule dans les moindres recoins et replis de l'esprit de la demoiselle. Mémoire à court terme, mémoire à long terme, subconscient, rêves. Tout y passe! Et ici, la mémoire est représentée par l'accumulation de mignonnes sphères aux couleurs des cinq émotions.

En matière d'animation, le tandem Docter/Rivera nous amène visiblement ailleurs. Ils ne sont pas peu fiers de leur coup. «Dès la fin de l'aventure de Là-haut, nous nous sommes demandé comment faire un autre film d'animation rafraîchissant et nous renouveler», dit Pete Docter.

Au bout de cinq années de travail, le résultat est sur le point d'être rendu public.

Au Québec, les cinq émotions du film seront défendues par des comédiens bien connus, à savoir: Charlotte Le Bon (Joie), Réal Bossé (Colère), Édith Cochrane (Dégoût), Xavier Dolan (Peur) et Sonia Vachon (Tristesse).

Les frais de ce voyage ont été payés par Disney Pixar.