Dallas Buyers Club était en nomination dans six catégories aux Oscars cette année, dont celle du meilleur film. Trois statuettes dorées lui ont été attribuées: Matthew McConaughey a été sacré meilleur acteur; Jared Leto a été élu meilleur acteur de soutien; l'Oscar des meilleurs maquillages et coiffures figure aussi au palmarès de ce long métrage, réalisé avec de très modestes moyens. Wild, son plus récent film, fait de Reese Witherspoon une sérieuse candidate pour la prochaine cérémonie. À sa façon, Jean-Marc Vallée a conquis Hollywood. Cinq personnalités importantes dans son parcours nous parlent de lui.

GENEVIÈVE BROUILLETTE

Actrice, Liste noire

Geneviève Brouillette a été révélée grâce au premier long métrage de Jean-Marc Vallée. Elle y incarnait une prostituée qui faisait trembler le monde judiciaire.

«C'était la première fois que quelqu'un me faisait confiance, confie l'actrice. Jean-Marc s'est battu pour qu'on me confie le rôle alors que j'étais une inconnue. Je lui en serai éternellement reconnaissante. Il m'a appris des choses dont je me sers encore aujourd'hui. Il m'a d'ailleurs emmenée dans sa salle de montage pour m'expliquer pourquoi on tournait les choses d'une façon plutôt que d'une autre. Jean-Marc est probablement le plus grand fou de cinéma que je connaisse. Il en mange. Ça ne m'étonne pas qu'il ait travaillé en étroite collaboration avec Matthew McConaughey ou Reese Witherspoon: il travaillait de la même façon il y a 20 ans. Un jour, il va remporter l'Oscar de la meilleure réalisation.»

MICHEL CÔTÉ

Acteur, Liste noire, C.R.A.Z.Y.

Dans Liste noire, premier long métrage de Jean-Marc Vallée, Michel Côté interprétait un juge au-dessus de tout soupçon. Dans C.R.A.Z.Y., il avait le rôle d'un père de famille typique des années 70.

«Quand j'ai rencontré Jean-Marc, il y a plus de 20 ans, il était tout timide, rappelle l'acteur. Il rougissait à rien! En même temps, on pouvait déceler chez lui une grande détermination. Il s'intéressait vraiment à tous les détails de la fabrication d'un film. Je le voyais faire lui-même son montage à mesure sur son ordi. Jean-Marc implique beaucoup ses acteurs dans le processus créatif; avec lui, j'ai appris une façon de travailler que j'ai toujours appliquée dans ma carrière par la suite. Depuis Liste noire, je demande systématiquement une rencontre privée avec le réalisateur avant de tourner. Au moment de C.R.A.Z.Y., j'ai retrouvé le même gars, toujours attentif au moindre détail, avec plus d'assurance. Mais il rougissait toujours autant!»

YVES BÉLANGER

Directeur de la photographie, Dallas Buyers Club, Wild, Demolition (sortie en 2015)

Yves Bélanger a signé la photo des deux plus récents longs métrages de Jean-Marc Vallée, mais leur collaboration est bien antérieure à Dallas Buyers Club.

«Jean-Marc et moi, ça remonte à loin, raconte-t-il. Je crois que nous avons commencé à travailler ensemble dès son premier contrat de réalisation, pour une publicité. Je me souviens d'un jeune homme très intense, qui me regardait droit dans les yeux. À cette époque, il avait déjà cette autorité naturelle. Dans la vie, Jean-Marc a beaucoup de plaisir, mais quand on tourne, c'est sérieux. J'aime travailler avec lui parce qu'il est intelligent. J'apprends toujours. Et si jamais on n'est pas d'accord sur un truc, Jean-Marc est très ouvert à la discussion. Désormais, mon programme est fait en fonction de ses films. Il passe en priorité, même si les choix sont parfois déchirants. Comme abandonner Xavier Dolan en cours de route, par exemple. Cela dit, Jean-Marc et moi sommes de la même génération. Nous avons forcément plus d'affinités et nous partageons les mêmes références culturelles. Et puis, on aime et on déteste les mêmes affaires!»

MACR CÔTÉ

Superviseur effets visuels, C.R.A.Z.Y., The Young Victoria, Café de Flore, Dallas Buyers Club, Wild

Marc Côté est responsable de la postproduction des films de Jean-Marc Vallée. Il travaille en étroite collaboration avec lui depuis de nombreuses années.

«Nous nous sommes rencontrés à la fin des années 90, indique-t-il. C'était à l'occasion de la production d'une publicité. On m'a appelé pour régler un problème d'effets visuels. On ne s'est plus lâchés par la suite. Comme Jean-Marc et moi sommes devenus amis, je suis pas mal au courant de tous ses projets, donc je peux prévoir mon programme en conséquence et réunir les ressources nécessaires. Jean-Marc tient aussi à ce que la postproduction de ses films soit entièrement faite à Montréal. Graham King, producteur de The Young Victoria, a été le premier à nous accorder sa confiance. La passion que met Jean-Marc dans tout ce qu'il entreprend est assez remarquable. C'est un travailleur acharné. C'est un être très sensible aussi. Il peut voir des choses que d'autres ne voient pas.»

PIERRE EVEN

Producteur, C.R.A.Z.Y. et Café de Flore

À l'époque où Jean-Marc Vallée cherchait un producteur pour C.R.A.Z.Y., Pierre Even réorientait sa carrière après avoir été directeur de l'unité longs métrages de Téléfilm Canada.

«Pendant quatre ans, j'ai lu des centaines de scénarios, fait-il remarquer. Celui de C.R.A.Z.Y. était exceptionnel, à mes yeux, au point que je me suis dit que si je ne devais produire qu'un film dans ma vie, ce serait celui-là. Avec Jean-Marc, ce fut une rencontre immédiate, tant sur le plan personnel que créatif. Quand je lis un scénario de Jean-Marc, je vois déjà le film. Je ne suis pas étonné du tout de ce qui lui arrive aujourd'hui. Jean-Marc a cette qualité de prendre un projet difficile comme Dallas Buyers Club et de s'obstiner à trouver le moyen d'en faire le meilleur film possible. Quand il croit à un projet, il n'abandonne jamais. Jean-Marc est très généreux, très fidèle. Il aime s'entourer de sa famille de créateurs. Ses collaborateurs ont envie de lui rendre cette générosité.»