Créé en 1959 par René Goscinny aux mots et Jean-Jacques Sempé à l'illustration, le Petit Nicolas est devenu un personnage culte qui parle autant aux enfants qu'aux adultes. C'était vrai dans les années 60, ça l'est encore aujourd'hui. À preuve, l'immense succès de librairie qu'a été Les histoires inédites du Petit Nicolas, publié en 2004 ; et celui, en 2009, du film Le Petit Nicolas réalisé par le grand Laurent Tirard, qui a attiré 5,52 millions de spectateurs en France et 2,02 millions à l'extérieur de l'Hexagone. Telle performance criait « Bis ! » Voici donc Les vacances du Petit Nicolas.

Les deux longs métrages partent du même principe: une histoire principale tournant autour du Petit Nicolas (et de ses copains); et une histoire périphérique, concernant davantage les adultes.

Ainsi, Le Petit Nicolas misait sur la peur de l'abandon qui s'abat sur les enfants lorsqu'il est question de l'arrivée prochaine d'un petit frère ou d'une petite soeur; parallèlement à cela, papa tentait de se faire bien voir de son patron (et, par ricochet, maman «écopait»). «Mais nous étions frustrés, Grégoire (Vigneron) et moi, de n'avoir pas eu l'espace pour traiter d'une amourette entre enfants ni de présenter mémé, la maman de maman», indiquait le réalisateur et coscénariste lors d'une entrevue accordée à La Presse, à Paris.

Les deux complices se sont rattrapés avec Les vacances du Petit Nicolas où les gamins se font une montagne même s'ils sont à la plage à partir d'une remarque anodine des parents: Nicolas (Mathéo Boisselier) rencontre Isabelle (Erja Malatier), ils se regardent dans le blanc des yeux... pas pour les raisons qu'imaginent les grands. Qui laissent tomber, comme ça: «On va les marier, ces deux-là.» Et les petits, aussitôt, de se fendre en quatre pour éviter de se retrouver dans un mariage forcé et une vie se prenant pour une pièce de Molière.

Du côté des adultes, sous les yeux de mémé (Dominique Lavanant) qui donne des bonbons en échange de bisous, papa (Kad Merad) et maman (Valérie Lemercier) se remettent un peu en question alors que le premier louche vers une blonde Allemande et que la seconde se fait courtiser par un réalisateur italien. «Ça faisait comme une intrigue miroir, entre ce que vivent les enfants et ce que vivent les adultes», remarque Laurent Tirard qui, cette fois, n'a pas hésité à quitter plus souvent le point de vue de Petit Nicolas pour plonger dans celui des parents. «C'était notre volonté, mais un souci aussi: quand quitter ce point de vue, comment le quitter, combien de temps?»

Bref, rien n'a été fait à la légère, tout a été pesé, pensé, façon Tirard et Vigneron, lesquels ont aussi pris plus de liberté avec les très courtes histoires originales. Ils ont inventé davantage, s'inspirant de leurs propres souvenirs de vacances tout en conservant l'esprit de Goscinny et de Sempé. Cette façon de «sentir» l'enfance, de la traduire, sans condescendance ni nostalgie.

Soucis de réalisme

Un peu à la manière de Steven Spielberg qui sait se mettre à hauteur d'enfant; et de Wes Anderson qui sait donner de la réalité à des mondes très «dessinés». Deux influences que reconnaît sans problème Laurent Tirard.

Parlant réalité, il a par exemple tenu à tourner Les vacances du Petit Nicolas sur la côte Atlantique et non sur la Côte d'Azur, justement pour être «raccord» avec la famille de Nicolas: «C'est peut-être moins vrai aujourd'hui, mais dans les années 60, les Français moyens allaient sur la côte Atlantique ou en Bretagne pendant que les mieux nantis filaient vers le Sud», indique-t-il. Il s'est donc installé, avec ses troupes, sur l'île de Noirmoutier. Pendant un tournage qui a duré un monumental 14 semaines. Parce que les enfants ne peuvent travailler que 4heures par jour. Parce que tout le monde, même les figurants (et ils sont nombreux) devaient être costumés. Même chose, d'une certaine manière, pour les lieux afin de donner, à tout et à tous, un air d'époque et «cette vision idéalisée d'une réalité».

Il explique cela avec sérénité, vivant moins d'angoisse qu'avant la sortie du Petit Nicolas. Les attentes et les doutes étaient alors dans l'air. «Mais j'y ai appris à me fier à mon instinct et à avoir confiance en moi, moi qui suis du genre à sauter de l'avion et à me demander, après, si j'ai un parachute.» Une attitude qui lui a servi de plusieurs façons, entre autres au moment de trouver le nouveau Nicolas, Maxime Godart étant bien sûr trop âgé pour reprendre le rôle qu'il a campé il y a cinq ans.

Entrée donc de Mathéo Boisselier, puis des copains de vacances de Nicolas. Une sacrée bande d'enfants sans expérience de jeu à diriger. L'important? «Surtout ne pas essayer de passer pour leur copain! Sinon, j'aurais perdu toute autorité et ils m'auraient écrabouillé. Donc, je m'obligeais à rentrer dans la peau du personnage autoritaire», sourit le réalisateur. Qui, après cinq ou six ans passés «chez» Goscinny (on lui doit aussi Astérix et Obélix: au service de Sa Majesté) a maintenant envie de se consacrer à deux autres projets avant de et il le souhaite retourner au Petit Nicolas.

«J'ai une idée très précise de ce que ça pourrait être, ce serait très différent du premier et du deuxième.» Et? Et? «Et je ne vous en dirai pas plus.» Ça, c'est pas chouette.

Les vacances du Petit Nicolas prend l'affiche le 9 juillet.

Les frais de voyage sont payés par Métropole Films.