Joseph Gordon-Levitt a écrit le personnage de Barbara Sugarman pour Scarlett Johansson. Parce qu'elle est «bien plus qu'un beau visage». Il aime son parcours professionnel, jusque dans ses incursions dans l'univers de Saturday Night Live. «Elle m'impressionne par sa façon de tricoter ensemble la comédie, le drame et l'humanité», indique-t-il.

En fait, quand on la rencontre à répétition, même quand elle fait la promotion de longs métrages... moins réussis (He's Just Not That Into You), son sérieux dans les propos est chaque fois remarquable. De même que son attitude réservée, celle de quelqu'un qui ne cherche pas à attirer l'attention. Mais qui l'attire quand même.

«Ça me renverse chaque fois, même si je fais ce métier depuis toujours. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi ma vie privée est si importante pour "vous". Vous ne me connaissez pas», laisse-t-elle tomber de cette voix basse et chaude en s'adressant à la poignée de journalistes présents à une rencontre de presse tenue pendant le TIFF, mais aussi à tous ceux, représentants des médias et admirateurs, qui tentent de l'exposer contre son gré.

Bien sûr, elle connaît le jeu. Elle en est partie prenante depuis l'enfance. Elle se sait objectivée. Mais elle trouve toujours cela bizarrement incompréhensible. Sauf qu'elle ne le dit pas avec une hargne «alec-baldwinesque».

Elle opte plutôt pour une douceur et un calme qui feraient avaler son appareil-photo à un paparazzi.

C'est avec le même aplomb qu'elle affirme «ne rien avoir à perdre, mais tout à gagner en prenant des risques artistiques».

En fait, ce serait même une perte, pour elle, «de continuer à faire la même chose». C'est une des raisons qui l'ont fait plonger avec bonheur dans l'aventure que lui offrait ce... nouveau venu derrière la caméra qu'est Joseph Gordon-Levitt. Dans un rôle qui pourrait en hérisser certains, tant Barbara est intransigeante dans son romantisme, dans ses idées reçues par l'entremise d'Hollywood et sa cohorte de romcoms.

Disons que la collision de sa vision des choses avec celle de Jon, accro à la pornographie, fera des dégâts.

«Sur papier, ils sont parfaits l'un pour l'autre: intellectuellement, socialement, physiquement. Mais dans la réalité et au quotidien, ils sont aux antipodes», fait celle qui affirme «connaître cette fille-là», cette Barbara qui fréquente ces lieux où «les hommes ne remarquent pas les femmes pour leur cerveau».

Un concept qu'elle applique à un territoire plus vaste que celui des clubs, le samedi soir, après quelques verres. Elle dit cela avec un petit sourire entendu. Parce que, et elle ne craint pas de l'admettre, elle a elle-même utilisé à son avantage son côté sexy.

«Mais je refuse que ça devienne une cage, une étiquette», lance celle qui, après six ans de négociations, passera enfin prochainement derrière la caméra pour réaliser l'adaptation de Summer Crossing de Truman Capote. Et qu'elles tombent, les étiquettes...