Montréal et la région d'Oka seront au coeur d'Every Thing Will Be Fine, le prochain film du réalisateur allemand Wim Wenders. Mieux encore, les lieux filmés seront ceux où sera campée l'histoire de ce drame familial. Autrement dit, ils ne serviront pas de décors à une autre ville.

La scène du Théâtre Outremont, le pont Jacques-Cartier, des rues du Plateau Mont-Royal et une maison de ferme de Saint-Placide seront en évidence dans le film mettant en vedette James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel McAdams et Robert Naylor. Patrick Watson apparaît aussi dans le film et joue deux pièces musicales.

Pour Wim Wenders, il était temps que Montréal se retrouve dans un de ses films. Le réalisateur à qui l'on doit Paris, Texas et Les ailes du désir se dit en symbiose avec cet îlot francophone au coeur de l'Amérique anglophone.

«Montréal est l'un de mes endroits favoris sur cette planète. C'est une ville qui me fait sentir chez moi, disait-il mercredi au Théâtre Outremont. Je suis venu souvent au cours des 30 dernières années, que ce soit au Festival du nouveau cinéma ou au Cinéma Parallèle. J'y ai plusieurs amis, mais je n'ai jamais eu de projet à réaliser.»

L'occasion est venue à la lecture du scénario du Norvégien Bjorn-Olaf Johannessen. Son histoire raconte le parcours de Tomas (Franco), un écrivain hanté par la mort accidentelle d'un garçon qu'il a renversé avec sa voiture.

«Nous avons écrit et développé l'histoire pour ici, lance M. Wenders. Je suis venu à plusieurs reprises à Montréal avec le scénariste pour adapter son récit. Vous avez ici des hivers durs et beaucoup de neige. Nous en avions besoin, comme d'un été magnifique, pour l'histoire. Nous devions aussi trouver des paysages ruraux en harmonie avec la ville. La combinaison Montréal-Oka correspondait parfaitement à la description du scénario.»

La scène de la tragédie se déroule en hiver. Or, au cours d'une visite à Oka, M. Wenders a découvert un pont de glace sur une rivière, ce qui, encore là, a comblé ses attentes.

Explorer la 3D

Depuis qu'il a tourné Pina, film documentaire sur la chorégraphe Pina Bausch, M. Wenders est tombé sous le charme de la 3D. Avec Every Thing Will Be Fine, il a voulu en étendre les possibilités.

«La 3D est sous-utilisée, dit le réalisateur. Je crois que c'est un outil fantastique pour une histoire dramatique, pourvu que celle-ci possède un rapport à l'espace. Dans mon film, un drame familial, la 3D fera sentir l'intériorité des personnages.»

Le comédien américain James Franco est tout à fait d'accord. «La 3D est utilisée ici dans une perspective unique, dit-il. Normalement, on l'utilise pour souligner des scènes d'action alors qu'ici, elle sera employée pour révéler l'âme des personnages.»

Par ailleurs, Marie-Josée Croze s'est dite enchantée de tourner avec Wenders, un réalisateur qui a une approche très humaine, dit-elle. M. Wenders lui renvoie l'ascenseur. «J'ai vu Marie-Josée dans Les invasions barbares et Le scaphandre et le papillon et elle a quelque chose d'extrêmement honnête dans son jeu. Dans ce film, où la 3D révèle tout, il faut simplement être le personnage, ce qu'elle est tout à fait capable de faire.»