Le héros canadien représenté dans le thriller Argo affirme que le scénariste Chris Terrio, en nomination pour un Oscar, «n'a aucune idée de ce dont il parle».

L'ancien ambassadeur canadien en Iran, Ken Taylor, s'en est vertement pris au film à succès réalisé par Ben Affleck lors d'une conférence prononcée jeudi devant des étudiants de l'Université Ryerson, à Toronto.

M. Taylor en avait contre une pléthore de libertés artistiques, incluant le fait de dépeindre le peuple iranien en «noir et blanc», des scènes montées de toutes pièces, ainsi que la suggestion selon laquelle il a été à peine plus qu'un simple observateur des actes héroïques de la CIA.

Argo raconte le sauvetage à haut risque de six citoyens américains coincés dans la crise des otages iraniens de 1979, une opération audacieuse souvent appelée le «Canadien Caper».

La crise a fait de M. Taylor un héros, alors que celui-ci a dissimulé les Américains en fuite dans une Téhéran sous le coup d'une révolte, et ce jusqu'à ce qu'ils puissent être évacués du pays lors d'une opération conjointe entre le Canada et les États-Unis.

Tout en reconnaissant que le but principal d'Argo était de divertir, l'ex-ambassadeur affirme qu'un documentaire devant être bientôt lancé offrira un regard beaucoup mieux équilibré sur son rôle et la situation en Iran.

«Après avoir vu le film, j'ai conclu que j'y contribuais en utilisant spécialement un talent: celui d'ouvrir et de fermer une porte», a dit M. Taylor sous les rires du public, en faisant référence au rôle relativement petit qu'il semble avoir joué.

Les commentaires de M. Taylor ont été présentés aux côtés de ceux, plus critiques, de Robert Wright, auteur du livre Our Man in Tehran: Ken Taylor and the Iran Hostage Crisis.

Argo a été couronné lors de récentes remises de prix, et est l'un des favoris dans la catégorie du meilleur film aux Oscar.

M. Taylor affirme qu'il aborde certains des problèmes du film dans une entrevue de deux heures donnée aux côtés de sa femme et de Ben Affleck; le tout sera disponible sur la version DVD du film, qui doit arriver dans les bacs le 19 février.

Le documentaire, soutient-il, offrira plus de mise en contexte, un meilleur aperçu du rôle du Canada à l'étranger et des détails sur la véritable nature d'une ambassade.

«Ce n'est pas seulement une histoire au sujet de diplomates, de mes collègues et de moi-même, mais c'est aussi l'occasion d'examiner la société iranienne avec une certaine profondeur», a déclaré M. Taylor, ajoutant qu'il espérait que ce documentaire soit prêt à l'automne.

La productrice Elena Semikina a confié que le documentaire englobera des entrevues avec l'ancien premier ministre Joe Clark et l'ancien président américain Jimmy Carter, qui étaient en fonction au moment de la crise.

«Argo est un film remarquable, mais c'est une industrie complètement différente. C'est du divertissement... L'histoire devrait être racontée dans un contexte historique», a fait remarquer Mme Semikina.

«Nous cherchons seulement à présenter l'histoire précise, l'histoire complète de ce qui est vraiment arrivé.»