Damien Echols a passé la moitié de sa vie en prison. L'appui de stars, de spécialistes et de citoyens a mené à la libération de cet ancien condamné à mort.

Comme ses «complices», Damien Echols est sorti de prison à la fin de 2011 après que des juristes, des enquêteurs et des sommités de la médecine légale - une équipe rassemblée par Lorri Davis, une supportrice qu'il a épousée en prison - eut démonté la «preuve» qui avait amené un jury à les condamner en 1994 pour le meurtre de trois garçons de 8 ans, dans la petite localité de West Memphis, en Arkansas. Ce crime, avait avancé avec succès la poursuite, découlait d'un rituel satanique.

Les deux autres accusés, qui avaient moins de 18 ans au moment du crime, avaient été condamnés à la prison à perpétuité. Echols, lui, considéré comme le leader des «trois de West Memphis», attendait dans l'aile des condamnés à mort d'une prison à sécurité supermaximum.

Après la trilogie Paradise Lost de HBO (1996-2011), West of Memphis, dont Echols est l'un des coproducteurs, est le quatrième film sur cette histoire de justice expédiée, le deuxième à sortir en quelques mois. «Le même juge qui a présidé au procès a refusé les preuves, des tests d'ADN entre autres, qui nous disculpaient», nous dira Damien Echols, de sa résidence de Salem, au Massachusetts. «Devant cet état de fait, mon équipe et moi, on s'est dit: faisons un film en montrant exactement ce que nous aurions montré en cour si on nous avait accordé un nouveau procès.»

Outre les experts, les «trois de West Memphis» doivent leur liberté à l'appui de centaines de personnes qui ont souscrit à leur fonds de défense de même qu'à des stars du showbiz américain, dont l'acteur Johnny Depp et le chanteur Eddie Vedder qui, par un concert-bénéfice à Little Rock, capitale de l'Arkansas (prononcé Ar-Kan-Zah) et un disque, ont ajouté au rayonnement de cette cause célèbre.

Comment Echols perçoit-il sa dette envers tout ce monde? «Je ne suis pas encore venu aux prises avec cet aspect de ma vie où, chaque jour, je dois composer avec des situations tout à fait nouvelles. Je suis conscient du fait que je dois la vie à tous ces gens, mais présentement, le film prend tout ce qui me reste d'énergie.»

Comme coproducteur de West of Memphis, on retrouve le nom du Néo-Zélandais Peter Jackson, le même qui a produit les trilogies The Lord of the Rings et The Hobbit. «Peter avait entendu parler d'Amy Berg, qui avait réalisé le documentaire Deliver Us From Evil (2006) sur les prêtres pédophiles. Il a pris contact avec elle et Amy a amené à notre équipe tout son savoir-faire de journaliste d'enquête.»

West of Memphis a été bien accueilli tant à Sundance qu'au Toronto Film Festival. Quelle a été la réaction des spectateurs? «Magnifique! Renversante!», lance Damien Echols en qui il faut reconnaître un communicateur de talent. «Au-delà de notre histoire à nous qui les émeut ou les révolte, les gens comprennent qu'il y a des milliers d'autres victimes d'erreurs judiciaires dans les prisons, des inconnus qui n'ont pas la chance qu'on a eue. Les gens se rendent compte qu'ils peuvent eux aussi être victimes ou impliqués dans des cas semblables, comme juré dans un procès pour meurtre, par exemple.»

Après ce film, Damien Echols collaborera à un autre film, une fiction cette fois, adaptée de son récit autobiographique Life after Death (La vie après la mort) dont Johnny Depp a acheté les droits cinématographiques. Puis il écrira un autre livre, avec sa femme cette fois.

Et quand tous les projecteurs se seront éteints? «J'aimerais tenir un petit centre de méditation...»

West of Memphis prend l'affiche d'Excentris le 1er février.