Un long métrage saoudien réalisé par une femme, Wajda, sur une petite fille rebelle rêvant d'une bicyclette dans le royaume où les femmes sont privées de droits, a été doublement primé dimanche soir au festival du film de Dubaï.

Le film, qui a obtenu le Muhr (étalon) du meilleur long métrage arabe, est réalisé par la première cinéaste saoudienne, Haifaa Al Mansour, et entièrement tourné en Arabie saoudite, pays où les cinémas sont interdits.

L'actrice principale, Waad Mohammed, qui joue le rôle de la petite fille de dix ans, a également eu le meilleur prix d'interprétation féminine.

«Le fait d'être primée par un festival d'un pays du Golfe représente beaucoup pour moi», a déclaré, les larmes aux yeux, Haifaa Al Mansour.

La réalisatrice de 38 ans, diplômée de l'université américaine du Caire et de l'université de Sydney, a dû prendre des risques pour tourner à Ryad, communiquant parfois par talkie-walkie avec son équipe.

Avec ses baskets, son voile mal ajusté et son abaya dévoilant son jean, Wajda tente d'échapper au carcan des traditions et au strict règlement de son école de filles, régie comme une prison.

Ce film émouvant évoque également la condition des Saoudiens des classes peu favorisées, à travers la mère de Wajda, qui doit faire face aux tracasseries d'un chauffeur étranger pour pouvoir aller travailler, l'Arabie étant le seul pays où les femmes n'ont pas le droit de conduire.

Incapable d'avoir d'autres enfants, elle doit accepter en silence la décision de son mari, sous la pression de sa famille, de prendre une deuxième épouse pour avoir un fils.

Un film égyptien, Chaos et désordre, de Nadine Khan, fille du réalisateur Mohammed Khan, a obtenu le prix spécial du jury.

Un film turc, Yeralti (intérieur), de Zeki Demirkubuz, a obtenu le Muhr (étalon) du meilleur film d'Afrique et d'Asie du festival, qui s'était ouvert le 9 décembre.