Daniel Craig s'est dit «honoré» de jouer l'agent secret de sa Majesté, à l'avant-première mondiale mardi à Londres de Skyfall, 23e édition des aventures de James Bond qui coïncide avec les 50 ans de vie cinématographique de l'agent 007.

L'acteur de 44 ans, smoking ajusté et cheveux blonds gominés, a reçu un accueil royal sur le tapis rouge, où l'ont rejoint les autres stars du film, Judy Dench ou encore Javier Bardem.

«C'est un réel honneur de faire partie» de l'aventure James Bond et «d'avoir la chance de faire un film l'année du cinquantième anniversaire» de l'agent 007, a déclaré Daniel Craig, avant d'assister à la projection en présence du prince Charles et de son épouse Camilla dans le cadre majestueux du Royal Albert Hall.

«Il n'y a rien de tel qu'une avant-première, mais celle-si semble encore plus spéciale», a ajouté, devant des centaines de fans, l'acteur qui incarne pour la troisième fois l'espion imaginé par Ian Fleming.

Le script de Skyfall est «formidable», selon Judy Dench, qui reprend son rôle de «M», chef des services secrets britanniques, et se retrouve au coeur de l'intrigue du dernier Bond.

Tourner un James Bond est «assez différent des autres films. Vous avez l'impression de faire partie d'une famille», a-t-elle expliqué mardi. L'agent 007 est «le héros que nous aimons, il est casse-cou, et toutes ses cascades et tout et tout», a-t-elle ajouté enthousiaste, avant de voir pour la première fois le film.

James Bond appartient «au public, donc il faut en prendre soin», a estimé le réalisateur de Skyfall, Sam Mendes, qui a reçu un Oscar en 2000 pour American Beauty.

«Je voulais juste faire un film que j'avais envie de voir. (...) Je voulais faire parler le gamin de 13 ans qui sommeille en moi», a-t-il expliqué. «Je suis très nerveux, mais j'ai fini le film, donc ça va. J'ai simplement besoin de vacances.»

Dans cette édition déjà saluée par la critique comme l'un des meilleurs James Bond, l'agent 007 à l'imposante musculature est confronté au méchant Raoul Silva, campé par un Javier Bardem blond pour l'occasion. Il succombe aux charmes de la brune et sculpturale Séverine, interprétée par la Française Bérénice Marlohe.

Le film s'ouvre sur une scène de poursuite spectaculaire à Istanbul avant de se poursuivre plus tard à Londres, théâtre d'un attentat.

Daniel Craig avait interprété dans les deux derniers James Bond un personnage sombre, décrit par les critiques comme très proche de celui imaginé par Ian Fleming. Mais l'acteur espère également montrer un côté plus léger dans Skyfall.

«Les gens seront peut-être surpris par la touche de légèreté qui existe dans ce film et qui était absente des deux derniers. Il y a beaucoup d'humour», expliquait-il récemment au magazine Time Out.

Le choix de Daniel Craig a été salué par l'un des célèbres interprètes de James Bond, Roger Moore, 85 ans. «Je pense qu'ils ont trouvé le meilleur Bond avec Daniel Craig. Un très bon acteur, à la formation classique. Et n'a-t-il pas l'air d'un tueur?», jugeait-il la semaine dernière dans l'Evening Standard.

Le film sort en salles vendredi au Royaume-Uni et en France, et le 9 novembre aux Etats-Unis et au Canada.

La saga cinématographique lucrative, commencée avec James Bond 007 contre Dr No en 1962, a jusqu'ici engrangé au box-office mondial plus de 5 milliards de dollars.

Son 50e anniversaire a donné lieu à une série d'événements dans le monde, parmi lesquels des ventes aux enchères, des expositions et un documentaire.

Cette icône mondiale est considérée au Royaume-Uni comme un joyau du patrimoine national : à tel point que Daniel Craig a eu le privilège de tourner un mini-film avec la reine pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.

Signe d'une ferveur toujours intacte des fans, les deux ventes d'objets de l'univers de James Bond par Christie's début octobre à Londres ont rapporté plus de deux millions d'euros, dépassant les prévisions les plus optimistes.

Un «laboratoire créatif», selon Bardem

L'acteur espagnol Javier Bardem, grand méchant de Skyfall, salue dans un entretien à l'AFP la «méthode» du cinéaste britannique Sam Mendes, qui a fait du tournage «un grand laboratoire créatif» ou chacun pouvait «essayer» ce qu'il voulait.

Vingt-troisième film mettant en scène le célèbre 007 - auquel l'acteur britannique Daniel Craig prête ses traits pour la troisième fois - Skyfall marque aussi les 50 ans au cinéma de l'agent secret de Sa Majesté, depuis la sortie en 1962 de James Bond 007 contre Dr No, avec Sean Connery.

«La première fois que j'ai vu un film de James Bond, j'avais douze ans et c'était Moonraker. Depuis, je les ai tous vus», déclare à l'AFP Javier Bardem, qui incarne dans Skyfall le cyber-terroriste Raoul Silva.

«Ma génération et beaucoup d'autres ont grandi avec James Bond et c'était un luxe et un honneur d'être invité à participer au film qui célèbre ses 50 ans», ajoute l'acteur de 43 ans, oscar du meilleur second rôle en 2008 pour son rôle de tueur psychopathe dans «Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme», des frères Coen.

Ce nouvel opus des aventures de l'espion britannique, qui sort vendredi dans une grande partie de l'Europe et le 9 novembre en Amérique du Nord, a été confié à Sam Mendes, le cinéaste d'American Beauty (1999) et des Noces rebelles (2008), dont «le courage» face au mythe 007 se retrouve «dans tout le film», juge l'acteur espagnol.

«Ce qu'il a fait, c'est offrir la touche classique des films les plus historiques de James Bond, tout en apportant une proposition plus complexe sur les personnges, les relations entre ces derniers et les dialogues», dit-il: «Et ce mélange fait que le film fonctionne à tous les niveaux».

«C'est quelqu'un qui travaille énormément, qui adore mettre la main à pâte, essayer différentes choses, improviser», poursuit-il. «Il est très ouvert aux propositions des acteurs. Sur le tournage, il y avait une ambiance de laboratoire créatif, nous y allions tous pour essayer des choses. Et pour un film de la taille de Skyfall, c'était extrêmement étonnant».

Ce travail de laboratoire a aussi été appliqué au rôle de Silva - pour son caractère et son aspect physique - notamment dans la scène de présentation du personnage, un long plan très audacieux dans lequel Bardem vient du fond du décor en marchant face à la caméra, pour rejoindre James Bond et le spectateur.

«Sam et moi avons apporté plusieurs idées et on a travaillé sur la façon d'aborder la même scène avec plusieurs tons et différentes nuances», explique l'acteur. «Cela a fait naître des choses. Et Sam a utilisé ces choses pour configurer la scène telle qu'elle apparaît dans le film».

Idem pour l'aspect physique de Silva, affublé d'une étrange tignasse blonde et arborant presque toujours un sourire trop large et presque enfantin, inattendu sur le visage d'un psychopathe.

«L'apparence physique d'un personnage doit toujours, absolument toujours, avoir une justification dramatique. On ne peut rien fait gratuitement, sinon cela devient la simple exhibition de la vanité d'un acteur», assure Javier Bardem, époux à la ville de l'actrice espagnole Penelope Cruz.

«Avec Silva, nous voulions créer des situations gênantes pour les gens qu'il a en face de lui. Et cette gêne devait être présente dans l'aspect physique, de façon très explicite. D'où l'idée de créer un physique gênant à regarder», pour que le spectateur se demande en le voyant: «Que se passe-t-il, avec ce type?», explique l'acteur.