Le 16e festival de cinéma de genre Fantasia entame sa deuxième semaine d’activités. Après toutes ces années, il reste difficile de décrire ce genre de fête qui remplit ses salles avec des rires, de l’horreur, du suspense et plein d’autres choses inquiétantes, dégoulinantes ou marrantes. Voici quelques exemples de films visionnés par nos journalistes.







Mondomanila, de Khavn de la Cruz (2011)





Bienvenue à Manille, aux Philippines. Hommage évident aux films « Mondo » des années 60 et 70, vague lancée par le célèbre Mondo Cane (un monde de chiens, littéralement) des Italiens Gualtiero Jacopetti et Paolo Cavara. Des films qui parlent des « vraies affaires » (des choses choquantes, bien sûr) sans trop se soucier de morale. Mondomanila présente une série de personnages atypiques, aux mœurs infiniment discutables, qui vivent dans les plus bas quartiers de la ville : des enfants drogués et lubriques, des mendiants, des gens généralement peu fréquentables. Il y a une part de fiction dans ce spectacle sans doute arrangé par le gars des vues qui atteint facilement ses buts : déstabiliser, choquer, écœurer. Si le film est visuellement conçu comme un film cool et trash, avec musique appuyée, on en ressort tout de même remué. Le monde ne tourne pas rond et notre siècle dégage des relents d’apocalypse imminente.




Mercredi à 15 h 10, salle J.-A. De Sève


– Aleksi K. Lepage





Replicas, de Jeremy Power Regimbal (2012)





Une famille bourgeoise modèle avec un jeune garçon et un chien. Une voiture, filmée en plongée, qui file sur la route. Une maison abandonnée dans les bois où ils pensaient aller se ressourcer. Des voisins qui débarquent à l’improviste et veulent sympathiser. Impression de déjà vu ? Replicas, premier long métrage du Canadien Jeremy Power Regimbal, qui nous arrive du Tribeca Film Festival, s’inspire beaucoup de Funny Games de Michael Haneke. Sauf qu’il ne présente pas tout à fait le même intérêt. Malgré ses plans très bien composés, la tension dramatique n’y est pas assez palpable comme dans Panic Room, par exemple. Selma Blair se révèle parfaite dans le rôle de l’épouse séquestrée, tandis que James D’Arcy vole la vedette dans celui du voisin qui pète les plombs. À voir si vous aimez les Home Invasion Movies.




Jeudi à 19 h 35, salle J.-A. De Sève


– Catherine Schlager





Mientras duermes (Sleep Tight), de Jaume Balaguero (2011)




Voici un redoutable thriller psychologique du réalisateur de [Rec] et de Fragiles. L’Espagnol Jaume Balguero est un cinéaste de genre accompli, tout à fait à l’aise dans l’horreur, le suspense et le fantastique. Il excelle dans la création de climats tendus, voire dérangeants. Dans ce film au climat de plus en plus angoissant, où le clair-obscur joue un rôle primordial, le formidable Luis Tosar incarne un concierge d’immeuble secrètement épris de Clara, une sympathique jeune locataire qui ne se doute en rien de ce qui se passe la nuit, pendant qu’elle dort. Le concierge, qui a toutes les clefs de l’immeuble, endort au formol la jeune femme toutes les nuits pour... Moins on en sait, plus ce film, à la mise en scène précise et efficace, fonctionne. Frissons garantis!




Jeudi 9 août à 19 h 30, Théâtre Hall Concordia


– Mario Cloutier





Cold Blooded, de Jason Lapeyre (2012)





Faire beaucoup avec peu de moyens, voilà ce qu’a réussi le jeune réalisateur canadien Jason Lapeyre avec son premier long métrage de fiction. La prémice est mince, mais le déroulement est ingénieux, malgré quelques longueurs dans la dernière moitié du film. Un braquage de bijouterie à Toronto tourne mal, lorsqu’un des deux voleurs, Cordero (Ryan Robbins) est envoyé à l’hôpital sous la surveillance de la policière Frances (Zoie Palmer). Une bande de gangsters a des questions à poser à Cordero et réussit à s’infiltrer dans l’hôpital pour le traquer. Frances sera la première victime du chef de bande sadique, ce qui aura pour effet de la transformer en dure à cuire à son tour. L’interprétation rehausse ce thriller à petit budget riche en rebondissements.




Mardi 31 juillet à 19 h 30, salle J.A. De Sève


— Philippe Renaud





Nameless Gangster: Rules of the Time, de Yun Jong-Bin (2012)




Le jeune réalisateur coréen Yun Jong-bin (The Unforgiving) ajoute toute une pierre à l’édifice du thriller de gangster asiatique avec ce film-fleuve ancré dans le contexte politique et mafieux volatile des années 80 et 90 en Corée du Sud. Porté par un excellent duo d’acteurs – dont Choi Min-sik, mémorable dans Oldboy où il assurait le premier rôle –, Nameless Gangster allie action, cruauté et humour. Un petit inspecteur de cargo maritime passe du menu larcin au crime des grandes ligues. Devenu « parrain », il traficote pour ériger son empire du crime en tissant des liens avec le politique qui lui assure des permis de casinos, mais les affaires s’embrouillent au contact d’un mafieux rival. On pense au Goodfellas de Scorsese avec ce film rythmé aux revirements aussi brutaux qu’inattendus. Un régal.




Ce soir à 18 h 10, Théâtre Hall Concordia


— Philippe Renaud