Trois adolescents en cavale, 14 et 15 printemps. Deux frères et un bon ami, issus de milieux louches d’où les parents semblent absents ou occupés à d’obscures tractations. Adolescents abandonnés à eux-mêmes dans un village de Wallonie et qui tâchent de s’en sortir par l’imagination, la débrouillardise et la franche camaraderie.



Ce n’est pas un film à ranger parmi les «contes pour tous» ou ces édifiantes et mielleuses «comédies familiales» américaines, mais Les géants s’adresse tout de même à un vaste public, et il serait dommage qu’il ne soit vu que par une poignée de cinéphiles initiés qui s’intéressent à la filmographie belge et luxembourgeoise.

Les frères Zak et Seth n’ont rien à faire dans ce plat pays. À la rencontre d’un camarade aussi blasé qu’eux, Dany, ils partiront tous en voiture (car les parents, fantomatiques, ne veillent pas sur leur marmaille), en quête d’aventure, de délassement, mais surtout de paix et de saines joies, brutales et simples.

Un trip de garçons, de petits hommes. Les géants, avec ces trois mousquetaires qui jouent les Don Quichotte dans le vide, se présente sous la forme d’un road-movie préadolescent, pensé et conçu par un adulte (Bouli Lanners, qui signe son troisième long métrage, après Eldorado et Ultranova). Débutant sur un ton badin et bon enfant, le film prend une tournure dramatique lorsque les héros, sans moyens, devront affronter des épreuves qui dépassent leurs connaissances du monde et de l’existence.

Par bonheur, Lanners insuffle au récit, par des dialogues retors et d’absurdes revirements de situation dignes des frères Coen, beaucoup d’humour et de légèreté à ce qui pourrait être un pensum sur l’adolescence ou une étude de mœurs. On est dans le feu de l’action, même s’il n’arrive pas grand-chose, au coeur des coeurs, au cœur des êtres.

Visiblement, les trois jeunes acteurs ont été admirablement dirigés par Lanners. Unique hic, on ne sait pas toujours faire la part de l’art, du propos et du divertissement dans ce film errant comme ses protagonistes. Ainsi, quelques rares scènes paraissent longuettes, vacantes ou esthétisantes.

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Les géants. Drame de Bouli Lanners. Avec Zacharie Chasseriaud, Martin Nissen, Paul Bartel. 1h24.