Après Jude (1996) et The Road to Guantanamo (2006), le prolifique réalisateur britannique Michael Winterbottom revisite pour une troisième fois l’oeuvre de l’écrivain Thomas Hardy en adaptant à notre époque, et à la société indienne, son roman Tess of the d’Ubervilles pour présenter Trishna, un drame psychologique sombre mettant en vedette Freida Pinto (Slumdog Millionnaire) dans le rôle-titre.



Le réalisateur de a eu du flair en transposant la tragédie de Hardy dans l’Inde d’aujourd’hui, y trouvant une société codifiée qui sied au conte moral original, campé dans une société britannique tout aussi codifiée à la fin du 19e siècle.

Malgré tout, Winterbottom livre une oeuvre contrite pour ce qui est du scénario. Trishna, incarnée par une Freida Pinto prisonnière dans son personnage sans relief, est une constante source de frustration tout au long du récit. L’on n’apprend pas grand-chose de ses motivations ou de ses aspirations, en route de sa campagne du Rajasthan à la vie trépidante et jet-set de Mumbai.

Trishna voit sa vie bouleversée par la rencontre avec un touriste, britannique aux origines indiennes qui, touché par sa beauté, décide de l’aider après un accident qui a laissé son père, chauffeur de camionnette, à l’hôpital. Il la recommande à son cousin Jay (Riz Ahmad, solide), lui aussi indo-britannique, qui gère les affaires de son riche papa hôtelier.

Elle quitte ainsi le nid familial pour aller travailler à l’hôtel, envoyant des sous chaque semaine à la maison. Persévérant, Jay finira par séduire Trishna, qui abandonne tout pour le suivre à Mumbai, où le jeune homme investit dans le milieu du cinéma.

Au fil du récit, le contraste entre la vie modeste de la campagne indienne et de l’opulence des fortunés de la grande ville s’efface derrière celui qui oppose Trishna et Jay, deux personnages que tout oppose, même l’amour lorsque ce dernier la traitera comme une esclave. La résolution du film donnera un sacré coup de cafard au spectateur.

Le récit évolue lentement, mais le réalisateur opte pour un montage saccadé qui rehausse l’histoire, tout en filmant avec beaucoup de respect et d’attention les décors du pays. Il manque toutefois d’âme à ces personnages.




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* * 1/2


Drame de Michael Winterbottom. Avec Freida Pinto et Riz Ahmed. 1h48.