Ted est un ours en peluche, un gros nounours qui parle, doué de raison. De raison? Ça se discute. En vieillissant – car nous avons ici affaire à un nounours adulte – le joujou devient un compagnon franchement embarrassant, peu fréquentable ou, comme on dit chez nous, pas sortable: il boit, fume du pot, débite des blagues de mauvais goût, flirte à qui mieux mieux, au grand désespoir de son «propriétaire» et meilleur ami John qui, enfant, avait fait le voeu de toujours garder son jouet auprès de lui. Le voeu aura été exaucé par Dieu sait quelle instance cosmique, mais pas nécessairement pour le mieux.



Mark Wahlberg incarne ce pauvre John, coincé avec le nounours récalcitrant qu’il aime pourtant, mais qui nuit grandement à divers aspects de sa vie sociale (on devine un peu en quoi.) C’est de peine et de misère, voulant sauver son couple d’une rupture imminente (Mila Kunis y joue la belle mégère) que John tâchera de faire comprendre à Ted que celui-ci devra bientôt voler de ses propres ailes, se trouver un job, un appartement, et vivre sa vie comme il l’entend. Parce qu’on a parlé de lui, jadis, dans les nouvelles et les magazines comme d’un phénomène miraculeux, Ted est parfaitement accepté en société, même s’il est maintenant considéré comme un vulgaire has been.

Cette comédie, écrite et réalisée par Seth MacFarlane (de la série Family Guy) qui prête aussi sa voix au nounours, est un fourre-tout, un sac à surprises – pas toujours des meilleures –, mais qui recèle de jolies trouvailles.

Il y a tant de bons moments et tant de bonnes idées dans Ted qu’on lui pardonne sa dernière demi-heure prévisible, convenue et déjà vue. MacFarlane a fait ce qu’on appellerait un film de geeks dans la trentaine, précisément: les références à la culture populaire défraîchie, celle des années 80, y sont si abondantes que beaucoup de spectateurs risquent de s’y perdre. Hommage particulièrement vibrant et répété au film Flash Gordon avec Sam J. Jones (ici dans son propre rôle), hommage aussi à l’acteur Tom Skerritt (Top Gun), clins d’oeil à Aliens, etc.

Bien écrit par un humoriste qui a le sens du punch et de la réplique qui tue, Ted, sans grand intérêt, sans aucune pertinence, atteint toutefois le plus souvent ses modestes ambitions: faire rire et choquer un peu, à peine.

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Ted. Comédie de Seth MacFarlane. Avec Mark Wahlberg, Mila Kunis, Seth MacFarlane. 1h46.