L’Américain Seth MacFarlane, créateur de la série télévisée d’animation irrévérencieuse Family Guy, passe pour la première fois derrière la caméra avec Ted, comédie grinçante où un ours en peluche ordurier et politiquement incorrect retient Mark Wahlberg en enfance.



Cette comédie pour adultes, un genre très en vogue l’été aux États-Unis, sort vendredi.

Dans ce film qu’il a écrit et réalisé, Seth MacFarlane, 38 ans, prête également sa voix à Ted, un gros ours en peluche qui prend vie le lendemain de Noël, après que John, un enfant solitaire à qui il venait d’être offert, eut fait le voeu - exaucé - de garder son nouvel ami pour toute la vie.

Des années plus tard, John est devenu un adulte (Mark Wahlberg) quelque peu immature, qui partage toujours son appartement avec Ted, avec qui il regarde Flash Gordon à la télé en buvant des bières et en fumant des pétards - une situation qui commence à peser sur sa relation avec Lori (Mila Kunis).

«C’est une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps et je l’avais d’abord envisagée pour une série d’animation, avant de la mettre de côté», expliquait récemment Seth MacFarlane lors de la présentation du film à Beverly Hills. «Et quand l’occasion de faire mon premier film s’est présentée, je me suis rendu compte que l’idée serait bien meilleure pour un film».

Seth MacFarlane a déjà une belle réputation derrière lui, grâce à la série Family Guy, un chef d’oeuvre d’irrévérence et d’humour noir qu’il a créé en 1999 et qui en est à sa dixième saison sur la chaîne Fox.

On y trouve plusieurs thèmes développés dans Ted, comme la maturité, la responsabilité ou la confusion des rôles entre enfants et adultes.

«Les enfants qui agissent comme des adultes et les adultes qui agissent comme des enfants, c’est généralement un bon ressort comique», explique-t-il. «L’ours en peluche est la manifestation à la fois physique et symbolique (d’un aspect de la personnalité) de John, incapable de grandir et de prendre sérieusement sa vie en main», dit-il.

De fait, Ted fait office de mauvais démon et de mauvaise conscience pour John, et tout ce qui sort de la bouche de l’ours peut être considéré comme l’inconscient du personnage principal, terrorisé à l’idée de vieillir.

Envoyant valser le politiquement correct, Seth Mac Farlane ne prend pas de gants pour faire jaillir les blagues, et personne n’en sort indemne.

«Si on veut se moquer d’un groupe, il faut se moquer de tous. Le cliché doit être égalitaire dans l’offense», affirme-t-il. «Dans ce film, à peu près toutes les religions, toutes les races et toutes les minorités sont visées».

N’a-t-il jamais peur d’aller trop loin? «Le système mis en place, avec les projections tests (des spectateurs lambda invités aux différents stades du montage), permet de voir assez clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas», dit-il, reconnaissant avoir écarté une blague du montage final.

Mark Wahlberg, qui passe l’essentiel du film à discuter - et parfois même à se battre - avec un ours en peluche ajouté par ordinateur en postproduction, a affirmé qu’il n’avait eu aucun mal à jouer avec un «fantôme».

«En fait, c’était plus difficile avec Mila. C’est un sacré numéro», dit-il.

Mila Kunis, qui prête depuis plus de dix ans sa voix à Meg, l’un des personnages de Family Guy, connaît bien Seth MacFarlane et son humour.

«Je pense que c’est un humour incroyablement pertinent socialement. Ce n’est pas juste de l’humour pour faire de l’humour, il y a toujours une vraie histoire», dit-elle. «Il est brillant parce qu’il met les gens dans des situations très limites, mais avec un humour de très haut niveau».