On sait tous que le mensonge mène au mensonge qui mène encore au mensonge. Mentir, c'est risquer de s'embourber dans le faux.
C'est ce qui arrive ici à Laura, garçonne impubère qui, nouvellement installée avec ses parents dans un quartier où elle n'est connue de personne, décide dans un élan spontané, à la rencontre d'une fille, de se faire passer pour un petit gars, cela à la fois pour intégrer les gangs d'enfants et pour «séduire» une fille.
Laura deviendra donc, à ses risques et périls, un certain Michaël aux yeux de ses nouveaux camarades, qui l'accepteront d'autant plus facilement qu'elle est douée pour le sport. On nous laisse vite comprendre que Laura est, ou deviendra probablement lesbienne. Mais Tomboy n'est pas, spécifiquement, un film sur l'homosexualité latente ou sur les mérites du coming out. Il s'agit d'une sorte de suspense psychologique sur les dangers de la supercherie et, ultimement, sur la fière affirmation de soi.
Le grand mérite de ce second long métrage de la cinéaste française Céline Sciamma (Naissance des pieuvres) est de proposer, à travers cette histoire de quête intérieure, un portrait intelligent, tendre et empathique de ces jeunes personnes qu'on regroupe sous un terme affreusement clinique, les préadolescents. Nous sommes dans Tomboy bel et bien plongés dans l'univers des «grands enfants», pour qui tout n'est encore qu'un jeu, mais un jeu sérieux, et qui se laissent lentement porter, entre deux âges, vers l'adolescence.
Au long de ce «thriller», on craint toujours le drame: Michaël sera-t-il démasqué? Et que feront alors subir à Laura ses camarades quand ils découvriront le pot aux roses? Sera-t-elle salement humiliée, voire battue? Il y aura règlement des comptes en toute fin, mais tout cela sera amené doucement, sans violence inutile, et nous seront ainsi évités les accès dramatiques et les élans de tragédie.
Sciamma, qui a visiblement approfondi cet univers au contact des jeunes, semble avoir accordé une grande liberté à ses acteurs et, surtout, aux actrices (Zoé Héran, dans le rôle-titre, est formidable) même si, parfois, par certains dialogues, certaines répliques donnent en de très rares occasions une vague impression d'artifice.
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Tomboy. Drame de Céline Sciamma. Avec Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson. 1 h 24.