Entre rumeurs et assertions, la Croisette jouait à se faire peur dimanche en faisant et défaisant le palmarès du 65e Festival de Cannes, évoquant un possible chamboule-tout parmi les favoris: Jacques Audiard, Cristian Mungiu, Michael Haneke ou Thomas Vinterberg.







Le jury, enfermé depuis le matin dans une villa isolée sur les hauteurs de Cannes, sous la présidence du réalisateur italien Nanni Moretti, devait répartir les sept prix de Cannes dont la Palme d’Or entre les 22 films en compétition.




Le président du festival Gilles Jacob, qui assiste aux délibérations du jury sans y prendre part, a publié à plusieurs reprises sur Twitter des photos des jurés débattant avec ardeur dans la villa Domergue, ancienne propriété du peintre Jean-Gabriel Domergue.




La rumeur annonçait ainsi dimanche la présence de l’Autrichien Michael Haneke, grandissime favori pour «Amour» - ainsi que ses acteurs Jean-Louis Trintignant, 81 ans, et Emmanuelle Riva, 85 ans, qui semblent tenir la rampe pour l’un au moins des Prix d’interprétation, au détriment de Marion Cotillard.




De même, pour le cinéaste roumain Cristian Mungiu (Palme d’Or 2007 pour «4 mois, 3 semaines et deux jours»), venu cette année avec «Au-delà des collines», qui pourrait monter une dernière fois les marches pour la consécration avec cette oeuvre d’une grande sobriété autour de la responsabilité et de l’indifférence.




S’ils étaient couronnés, Haneke ou Mungiu emporteraient alors leur deuxième Palme d’or. Seuls cinq autres réalisateurs dans le monde peuvent se targuer d’avoir été doublement sacrés à ce stade: l’Américain Francis Ford Coppola, le Danois Bille August, le Serbe Emir Kusturica, le Japonais Shohei Imamura et les frères belges Dardenne.




«Reproche-t-on à Rafael Nadal de gagner 7 fois Roland-Garros?», fait valoir Thierry Frémaux, le délégué général du Festival quand on lui parle d’un carré d’habitués cannois...

Moretti aime «ce qui l’étonne»





Le Danois Thomas Vinterberg, de retour à son meilleur avec «La Chasse», 14 ans après «Festen», pourrait faire partie de la fête sur le tapis rouge.




Pour Jacques Audiard, Grand Prix pour «Un Prophète» en 2009, cette sélection est aussi un retour avec «De Rouille et d’Os», alors que Marion Cotillard, son actrice principale, se trouvait pour la première fois en compétition cannoise.




Autre Français de la compétition (avec Alain Resnais), Léos Carax a divisé la presse pendant le festival, comme souvent.




Le jury doit s’accorder sur sept prix à bulletins secrets, à la majorité absolue pour les deux premiers tours puis relative ensuite: Palme d’Or, Grand prix, Prix du jury, Prix d’interprétation masculine et féminine, de la mise en scène, du scénario.




Même si le vrai prix, comme en conviennent de nombreux réalisateurs, c’est d’être en sélection, la consécration sur la scène cannoise marque une carrière.




Les prix seront attribués, après une ultime montée des marches, lors de la cérémonie de clôture qui commencera à 19 h 15, heure locale.




Seule indication à ce stade, Nanni Moretti aime être surpris: «On sait très bien que ce qu’il aime dans le cinéma, c’est ce qui l’étonne», notait Gilles Jacob avant l’ouverture du festival, ajoutant que pour lui, «un palmarès satisfaisant doit intégrer les cinq ou six films signalés comme les meilleurs par la critique internationale»...




Alors peut-être faudra-t-il compter sur le dernier des 22 films en compétition au générique de fin, «Mud» de Jeff Nichols, auquel la presse dimanche décernait la «Palme du coeur».