Pour son huitième long métrage, le cinéaste kurde exilé en France, Hiner Saleem, a choisi de nous entretenir encore une fois du sujet qu’il connaît le mieux: la réalité du peuple kurde. Si tu meurs, je te tue – un titre qui a le don de piquer la curiosité – aborde de jolie façon les thèmes de l’immigration, de la libération de la femme, du choc des cultures et de la religion.



Philippe (Jonathan Zaccaï), tout juste sorti de prison, fait la rencontre d’Avdal (Billey Demirtas), un Kurde assis à ses côtés au zinc d’un bar parisien. Les deux hommes se lient rapidement d’amitié. Avdal attend sa fiancée Siba (Golshifteh Farahani) qui doit venir le retrouver, mais il meurt subitement. Philippe doit donc disposer du corps et retrouver la trace de la fiancée kurde. Ses problèmes ne font que commencer...

Si tu meurs, je te tue est un étrange objet filmique. Ni tout à fait comédie ni complètement drame, le film de Saleem oscille continuellement entre le burlesque et la tragédie, un style qui a fait la marque du réalisateur dans ses œuvres précédentes comme Vodka Lemon et Kilomètre zéro. Par contre, en voulant aborder trop de problématiques dans un même film, Hiner Saleem ne fait que les survoler sans réellement toucher le spectateur. On aurait aimé qu’il traite plus en profondeur de l’émancipation de Siba ou encore du choc des cultures entre Français et Kurdes. Dommage.

Avec plusieurs œuvres qui ont voyagé dans les festivals de Cannes, Venise et Locarno, Hiner Saleem a du métier. Ses plans sont habilement composés (comme cette très belle scène où Siba est pensive sur le balcon de son hôtel) et ses acteurs dirigés avec doigté. Jonathan Zaccaï (De battre mon cœur s’est arrêté) incarne à merveille cet homme plongé bien malgré lui dans une histoire abracadabrante. Quant à Golshifteh Farahani (Body of Lies), elle est lumineuse à souhait et joue divinement du piano (au lieu de faire semblant, comme c’est trop souvent le cas). Mention spéciale également à la bande de frères kurdes qui évoquent avec humour les frères Dalton ainsi qu’à des apparitions-surprises de Jane Birkin et Maurice Bénichou.

Malgré la fin qui verse dans le délire, Si tu meurs, je te tue nous fait passer un agréable moment et a le mérite de nous faire découvrir la réalité d’un peuple dont on ne parle que trop rarement.

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SI TU MEURS, JE TE TUE. Comédie dramatique réalisée par Hiner Saleem. Avec Jonathan Zaccaï, Golshifteh Farahani, Mylène Demongeot. 89 minutes.