Après Brad Pitt mardi, Nicole Kidman a attiré aujourd’hui la foule des grands jours sur la Croisette. Son rôle de Barbie bon marché dans The Paperboy a retenu l’attention. C’est le moins qu’on puisse dire…



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Dans The Paperboy, le nouveau film de Lee Daniels (Precious), Nicole Kidman se glisse dans la peau d’une pauvre fille sans classe, sans goûts esthétiques, sans retenue dans sa sexualité. Avec un accent du Sud gros comme la Floride, cette femme brûle les sens d’un jeune homme au moins deux fois moins âgé qu’elle, mais aussi ceux de tous les prisonniers condamnés à mort à qui elle écrit. Et de qui elle tombe amoureuse.

Portant à l’écran un roman noir de Pete Dexter, dont il signe lui-même l’adaptation, Lee Daniels s’attarde a décrire l’enquête que mène à la fin des années 60 un journaliste du Miami Times (Matthew McConaughey) afin de faire la lumière sur le cas d’Hillary Van Wetter (John Cusack), un chasseur d’alligators condamné pour meurtre. Selon Charlotte (Nicole Kidman), l’homme risque d’être exécuté sans preuves concluantes.

Mais au-delà de l’enquête, cette histoire, inspirée d’un véritable fait divers, entraîne les protagonistes dans un monde où tous seront confrontés à leur intimité et à leurs convictions profondes. Racisme, sexe, mensonges et trahisons en tous genres figurent ainsi au programme.

Un rôle étonnant



Quand vient le moment de penser à une actrice qui pourrait incarner la quintessence de ce que nos amis anglos appellent le white trash, rares sont ceux qui feraient automatiquement un lien avec la distinguée vedette de The Hours.

L’actrice, qui vit maintenant au Tennessee, est ravie du défi.

«J’avais envie de quelque chose de plus cru, de plus dangereux, a expliqué Nicole Kidman lors d’une conférence de presse très courue. J’avais beaucoup aimé Precious. J’avais envie de voir ce que Lee pourrait bien faire avec moi!»

Au moment où s’est tenue cette conférence, l’actrice, qui semble avoir trouvé là son Été meurtrier, n’avait pas encore vu le film. Une scène où Charlotte rencontre son amoureux pour la première fois en prison a marqué les esprits des festivaliers lors de la projection du matin. Daniels mise en outre beaucoup sur le pouvoir de l’attirance sexuelle. Il l’aborde d’ailleurs frontalement dans ce long métrage.

«Peut-être serai-je gênée quand je verrai le film mais je ne l’ai pas du tout été en le tournant, indique Nicole Kidman. Mon travail est de rendre justice à la vision du metteur en scène. Mes sentiments personnels n’interviennent d’aucune façon là-dedans.»

Sous la gouverne de Lee Daniels, le projet, mené un temps par Pedro Almodovar, a pris une connotation plus personnelle.

«Tous ces personnages, je les connais, dit l’auteur cinéaste. Ils ont fait partie de ma vie, de mon milieu. Mon propre frère a été condamné pour meurtre. Je connais ces femmes qui tombent amoureuses de prisonniers. Je sais aussi ce qu’était qu’être Noir dans le Sud à cette époque. J’ai connu des Blancs qui entretenaient des relations intimes avec moi mais qui ne voulaient pas être vus en public en ma compagnie. Je connais tout ça. Quand je fabrique un film, je ne peux qu’évoquer ma propre vérité.»

Une érotisation de bon aloi



Campé dans la moiteur des marécages floridiens, The Paperboy plonge aussi au cœur de la sexualité humaine. Si les images restent relativement pudiques, les mots, en revanche, ne laissent rien à l’imagination. Zac Efron, l’interprète du jeune frère du journaliste, tente ici de tirer un trait définitif sur son image d’idole des adolescents en tombant amoureux de Charlotte.

«Je suis amoureux de Nicole Kidman depuis très très longtemps, depuis Moulin Rouge!», a déclaré le jeune homme en révélant une notion du temps un peu différente de la nôtre. J’ai tenté de traduire le malaise que ressent mon personnage dans les scènes plus sensuelles parce qu’il n’est pas particulièrement à l’aise avec ça. Mais j’étais très enthousiaste à l’idée de jouer un personnage plus adulte en compagnie d’une distribution aussi éclatante.»

Lee Daniels a toutefois vite mis un terme à la discussion portant sur l’érotisation des personnages, particulièrement celui campé par le jeune acteur.

«La caméra ne peut s’empêcher d’aimer Zac, a tranché le cinéaste. Et puis, hé, je suis gai!»

The Paperboy prendra l’affiche cet automne.