Au naturel, Will Smith tient davantage de l’extraterrestre que de l’homme en noir. Un regard et un sourire, ses interlocuteurs sont sous le charme. Il les berce ensuite d’un flot de paroles constant et rapide. Rencontre éclair sous pluie de mots et sur fond de Men in Black 3.







«On peut être dans une pièce silencieuse, Will entre et il n’a pas besoin de dire un mot: on sait qu’il est là. Il a beaucoup d’aura», a indiqué le réalisateur Barry Sonnenfeld lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles avant la sortie de Men in Black 3. Il a pris la barre du film après une longue pause.




«Il nous a fallu cinq ans pour faire le deuxième et dix pour faire le troisième. Ne parlons pas du quatrième tout de suite», pouffe-t-il avant de revenir au «cas Will Smith». «Il a du succès, il est incroyablement optimiste, il déborde d’énergie et il a tellement confiance en lui que ça pourrait devenir énervant s’il n’était pas aussi travailleur, attentionné et sympathique.»




Bon, avouons-le: autant de qualités, ce n’est pas humain. Y aurait-il un extraterrestre dans le corps de celui qui incarne l’agent J dans Men in Black, aux côtés de Tommy Lee Jones en agent K? Peut-être bien.




«Je sais que je peux contrôler toute interaction avec les personnes en ma présence. Si je suis attentif, je peux gérer toute situation… et 98 % des gens – parce qu’il y aura toujours quelques fous qui m’échappent». Il vous balance ça en riant de plus belle, après vous avoir serré la main et salué comme une vieille connaissance qu’il s’ennuyait de ne plus voir.




Will Smith est un charmeur. Mais s’il était dans Star Wars, on dirait qu’il est du bon côté de la Force. Il est aussi un formidable conteur. Avec lui, une anecdote n’attend pas l’autre. Ainsi, au sujet de son retour dans le costume noir de l’agent J après une décennie, il fait un lien avec… Star Wars, justement.




«Revisiter ce personnage et cet univers ne m’a causé aucun problème, mais, plutôt, un immense plaisir. Vous savez, ma première grande expérience au cinéma a été Star Wars. Je devais avoir 10 ans et ce film-là m’a “explosé” le cerveau. Je n’arrivais pas à concevoir que quelqu’un soit arrivé à imaginer un monde comme ça, une histoire comme celle-là. J’ai continué à sentir cette énergie dans les mois qui ont suivi, c’est comme si des barrières ont été abattues dans ma tête.» Et qu’un tas de choses auxquelles il n’avait pas pensé auparavant devenaient soudain possibles.




C’est pour cela qu’il aime autant les films à succès, comme MIB3, «mais pourvu qu’il y ait un message ou une prise de position». Dans ce cas-ci, dit-il, il est question de «la nature parfois destructrice des secrets et de la manière dont une relation peut être réparée et passer à un autre niveau une fois que certains faits cachés sont divulgués».




Ce message passe à travers une histoire de voyage dans le temps: J (Will Smith) se découvre soudain sans partenaire, K (Tommy Lee Jones) ayant été tué 40 ans plus tôt. Pour rétablir l’ordre des choses, le premier retourne dans le passé, donc en 1969, afin de sauver le second (là, incarné par Josh Brolin).




Un retour devant la caméra pour celui qui, depuis quatre ans, s’est consacré à la production et à sa famille: il a produit des films mettant en vedette ses enfants, Jaden et Willow; de même que la série Hawtorne, où sa femme, Jada Pinkett Smith, tient le rôle principal.




«J’ai découvert que la production est mon espace naturel dans ce business. Mais il était temps que je retourne à l’écran: Jaden m’observe avec un regard de plus en plus prédateur. Je lui ai donc dit: “ Fils, je vais t’apprendre tout ce que je sais et un jour, tu deviendras la deuxième plus grande star au monde”», rigole-t-il avant d’ajouter combien il est heureux de voir les siens éclore ainsi.




«Quand j’avais 7 ans, je regardais Dallas à la télévision et je n’en revenais pas: ces gens vivaient dans une maison qui avait un nom, Southfork, ils se réunissaient pour prendre leur petit-déjeuner ensemble même s’ils étaient adultes et ils travaillaient tous pour l’entreprise familiale. C’est devenu mon rêve. Et il est en train de se réaliser. Sérieusement, je suis tellement heureux et bien que c’en est gênant.»




Sérieusement aussi, moins gentil, Will Smith serait insupportable. Mais il est adorable et en sa présence, toute résistance est futile.




La semaine prochaine dans nos pages: entrevue avec les deux agents K, Tommy Lee Jones et Josh Brolin.




Men in Black 3 (Hommes en noir 3) prend l’affiche le 25 mai.




Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.





Josh Brolin : Quand l’agent K prend un coup de jeune




La mission de l’agent J: retourner dans le passé pour y retrouver l’agent K. Celle du réalisateur Barry Sonnenfeld: trouver un acteur qui pourrait passer pour un jeune Tommy Lee Jones. Il l’a trouvé en Josh Brolin. Discussion avec deux K.




«Les deux tiers du film se déroulant en 1969, le grand risque était de démolir la franchise en engageant le mauvais acteur pour jouer le jeune Tommy Lee Jones», indique le réalisateur Barry Sonnenfeld. Son premier choix pour ce pari périlleux était Josh Brolin, qu’il connaît grâce à son copain Etan Coen – auteur du scénario de Men in Black 3 et pour lequel Brolin a joué dans True Grit et No Country for Old Men.




Le principal intéressé a accepté le défi, «avec beaucoup de crainte et en sachant que ça me demanderait beaucoup de travail». Dans un premier temps, il a revu ses films préférés du vétéran… avant de se rendre compte qu’il s’y prenait mal. «Je ne joue pas un jeune Tommy Lee Jones, même si c’est ce que tout le monde dit, mais un jeune agent K. Il me suffisait donc de l’étudier dans les deux premiers Men in Black!» Ce qu’il a fait.




Alors, Mr. Jones, que pensez-vous du choix de Josh Brolin pour incarner K en 1969? «Je n’ai pas eu de réaction quand on m’a parlé de Josh, j’espérais juste que ça marche. Et je pense que ça marche», fait l’acteur avec un laconisme que connaissent bien les médias. «No», «Maybe» et surtout «I don’t know» sont ses réponses les plus courantes. «Pourtant, Tommy est hilarant, assure Will Smith. Mais vous le rencontrez dans la situation où il est le plus mal à l’aise.»




Peut-être à cause de sa première expérience médiatique, découvre-t-on lorsque, par miracle, l’acteur s’ouvre et relate une anecdote datant de son enfance. Il était en deuxième année quand il a participé à une production de Blanche-Neige et les sept nains montée par l’école. Il jouait Atchoum. La station de radio d’Abilene, la «grosse» ville voisine dans son Texas natal, avait invité les jeunes comédiens à se présenter devant le micro.




«Chaque nain devait faire quelque chose de caractéristique de son personnage. J’ai donc dû éternuer dans un micro gros comme une assiette», se souvient celui qui, quelques décennies pour tard, a dirigé le Orson Welles Cinema à Cambridge, au Massachusetts. «J’ai adoré l’expérience, je pouvais m’imaginer être un impresario… alors qu’en fait, je vendais et je comptais des tickets.» Et, il sourit (presque) à ce souvenir. Avant de se retrancher dans ses «I don’t know…»




«I don’t know», plaisantera d’ailleurs Josh Brolin un peu plus tard, lorsqu’interrogé sur sa façon de se préparer à enfiler la peau de l’agent K. Imitant du coup son aîné. De troublante manière. La voix est à l’identique.




«Et sur le plateau, j’ai été aidé par les prothèses: vous ne pensez quand même pas que ce nez, ces oreilles et cette arcade sourcilière sont les miens?!», rigole celui qui a fait ses premiers pas devant la caméra dans The Goonies… pour bientôt se rendre compte que «la vie, ce n’est pas les Goonies». La victoire n’est pas toujours au bout de la route. «Mais les échecs ne sont pas non plus tous de mauvaises choses», ajoute-t-il, philosophe.




Et de raconter cette journée où, dans l’appartement de Johnny Depp, il a attendu pendant des heures pour savoir lequel des deux prendrait l’avion pour Vancouver le soir même, car il aurait obtenu le rôle principal dans la série 21 Jump Street. Depp s’est envolé. Déception?




Sur le moment peut-être. «Mais j’ai été engagé pour Private Eye et même si ça n’a pas marché, c’était énorme – en budget et en qualité. En plus, un an plus tard, Johnny m’a téléphoné pour me dire, au sujet de 21 Jump Street: “Mec, c’est horrible!” Comme quoi, un échec peut devenir une chose merveilleuse. Et vice-versa.»




Bref, le passé était le plat du jour en cette journée d’entrevues, Men in Black 3 tournant autour de ce thème ardu à décliner. «Les voyages dans le temps sont des scénarios difficiles à écrire, souligne ici Barry Sonnenfeld. Nous savions exactement ce que nous voulions dans le premier acte et où nous voulions arriver à la fin. Entre les deux, il y a eu beaucoup de réécriture.» Et de visionnements de Back to The Future, qui est exemplaire dans le genre.