Bien qu’imparfait, Dark Shadows compte suffisamment de qualités pour mériter l’indulgence des fans de Tim Burton et de Johnny Depp – ce dernier livrant ici une performance supérieure, car moins gratuitement maniérée, que dans Alice in Wonderland et Charlie and the Chocolate Factory.







En fait, il ne faut pas se fier aux bandes-annonces. L’acteur y apparaît comme un cousin du Mad Hatter et de Willy Wonka : s’il est parfois pris au dépourvu par ce qu’il découvre de l’année 1972 après un séjour de deux siècles dans un cercueil, son Barnabas Collins est un vampire, il agit généralement comme tel – bien plus Nosferatu et Dracula du bon vieux temps que beau gosse de Twilight et The Vampire Diaries.




Adaptation du soap opera gothique diffusé de 1966 à 1971, cette huitième collaboration Burton/Depp suit donc le retour chez les vivants de Barnabas, riche propriétaire de pêcheries du XVIIIe siècle transformé en vampire et enterré « vivant » par une sorcière jalouse appelée Angelique (Eva Green, machiavélique et sensuelle à souhait). Il découvre son manoir en ruines. À l’intérieur : la matriarche des Collins (Michelle Pfeiffer, parfaite), sa fille (Chloë Grace Moretz, qui se tire d’affaire dans un personnage mal dessiné), son frère (Jonny Lee Miller, tout par en dessous) ; mais aussi, une psy alcoolo (Helena Bonham Carter, égale à elle-même), une nounou d’apparence naïve (Bella Heathcote, dont le personnage n’est pas assez exploité), un serviteur idiot (Jackie Earle Haley, très drôle).




Ils tirent le diable par la queue à cause de l’immortelle et rancunière Angelique. Barnabas va donc faire ce qu’il faut pour redorer le blason des siens. Ce, tout en exprimant sa nature vampirique et en tentant de se familiariser avec l’époque où il a débarqué.

Pris séparément, ces deux tons – l’horreur gothique et la comédie – sont bien exploités. Ce sont les allers-retours entre les deux qui ne sont pas des plus maîtrisés. Ajoutons à cela un scénario qui part dans toutes les directions au dernier acte, laissant de côté des pistes amorcées plus tôt pour réserver des « surprises » jamais préparées en amont : ce serait fatal dans la plupart des cas – et ce le sera probablement pour les spectateurs qui n’éprouvent pas un amour inconditionnel pour le monde de Tim Burton où le bancal, le bizarre et, oui, l’imparfait sont monnaie courante. Tout comme l’originalité, l’humour très particulier et la splendeur visuelle, qui font que cet univers très signé est une intarissable source de surprises. Et de bonheur.




Bref, malgré ses défauts, Dark Shadows procure du plaisir dans le gothique parfaitement sombre comme dans l’humour hilarant, les dialogues... mordants, le jeu très soap opera des acteurs, la reconstitution (critique) des années 70, la trame sonore complice de Danny Elfman et l’emploi judicieux de tubes de 1972.




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DARK SHADOWS (V.F.: OMBRES ET TÉNÈBRES)


Comédie d’horreur de Tim Burton.


Avec Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Eva Green, Helena Bonham Carter.

1h53


***1/2