Même 16 ans après sa sortie, Shine est toujours le titre phare de la filmographie du réalisateur Scott Hicks. C'est à lui qu'on a fait appel pour mettre en images le roman de Nicholas Sparks The Lucky One.



En 1996, la vie de Scott Hicks a basculé. Pas seulement la sienne d'ailleurs. Celle du pianiste David Helfgott aussi, tout autant que celle de l'acteur Geoffrey Rush. C'était bien sûr à l'époque de Shine, un film australien qui a fait le tour du monde, en glanant au passage sept mises en nomination aux Oscars.

«Encore aujourd'hui, des gens viennent me voir pour me dire à quel point Shine a changé leur vie, raconte le réalisateur Scott Hicks au cours d'une entrevue à La Presse. C'est un véritable privilège que d'avoir un film comme celui-là dans une carrière de cinéaste.»

Rien ne prédestinait pourtant le garçon né en Ouganda à une carrière dans le monde du cinéma.

«Pendant les 10 premières années de ma vie, sinon plus, je n'ai pratiquement eu aucun contact avec les arts ou les médias. Il n'y avait pas la télé chez nous. Je pourrais aussi compter sur les doigts d'une main les films que j'ai vus pendant mon enfance. Ce n'est que lorsque ma famille s'est installée en Angleterre, et ensuite en Australie, qu'un merveilleux accident est survenu.»

«À l'université, poursuit-il, j'ai étudié la littérature anglaise. Je me suis inscrit à un cours de cinéma simplement pour avoir les crédits. Or, ce fut un choix du diable. Ma vie fut prise en main par le cinéma. Je suis devenu obsédé. J'ai alors vu tout ce qu'il m'était possible de voir. Surtout des films européens. Jamais je n'aurais pu penser en faire mon métier un jour.»

En Australie, Scott Hicks a fait ses classes en exerçant divers métiers sur les plateaux, et aussi en réalisant des documentaires.

«J'en ai beaucoup tourné pendant les 10 années qu'il m'aura fallu pour financer Shine. En réalisant des documentaires, j'ai trouvé des outils que j'utilise toujours aujourd'hui. Par exemple, dans The Lucky One, j'ai tenu à ce qu'on ait une impression de vérité dans les scènes se déroulant en Irak avec les marines.»

Depuis Shine, Scott Hicks a tourné quelques autres documentaires (parmi lesquels Glass; A Portrait of Philip in Twelve Parts), de même que plusieurs longs métrages produits par les Américains (Snow Falling on Cedars, Hearts in Atlantis, No Reservations).

«Mais je tiens à ma vie en Australie, dit-il. Je trouve mon équilibre en venant travailler en Amérique pour ensuite rentrer chez moi. Entre les films, je réalise aussi des publicités. J'en ai d'ailleurs tourné quelques-unes à Montréal. Il s'agit vraiment d'une ville unique en son genre en Amérique!»

Un projet clés en main


Le projet The Lucky One lui a pratiquement été livré clés en main. C'est-à-dire que l'envoi du scénario était déjà accompagné d'une offre ferme de réalisation.

«Je n'ai quand même pas accepté la proposition d'emblée, reconnaît Scott Hicks. Il y avait des choses dans ce scénario qui ne fonctionnaient pas à mes yeux. Et je tenais à en discuter avec les producteurs avant de signer. Or, ils ont tenu compte de toutes mes remarques. Je sais que les admirateurs des bouquins de Nicholas Sparks ont des attentes bien précises. J'essaie en outre d'y répondre le mieux possible. Forcément, le film est visuellement très beau. L'histoire d'amour figure au coeur du récit. Mais l'ensemble me semble néanmoins plus complexe, dans la mesure où il y a de vrais conflits, et des personnages qui viennent compliquer les choses, notamment un jeune enfant et un ex-mari. Et comme nous avons dû nous installer en Louisiane plutôt qu'en Caroline-du-Nord pour des raisons financières, j'ai tenté d'utiliser à bon escient le cadre enchanteur dans lequel nous avons tourné ce film.»

The Lucky One (Le porte-bonheur en version française) prend l'affiche le 20 avril.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.