Après plus de 100 ans d'histoire, la cause devrait être entendue. Le cinéma est d'abord une affaire d'images. Le grand gagnant aux Oscars, The Artist, le dit à sa façon. Another Silence de Santiago Amigorena marche également dans les sillons d'un cinéma ni romanesque ni théâtral.



Une policière de Toronto (Marie-Josée Croze) perd son mari et son fils dans un attentat qui a des allures de règlement de comptes mafieux. Sortant de sa torpeur, animée d'un esprit vengeur, elle se met à la recherche des meurtriers. Dans sa quête qui la mène jusque dans les plaines arides d'Argentine, elle y découvrira l'insoupçonné et l'inavouable.

On a déjà vu ça. Dans l'excellent Crossing Guard de Sean Penn, avec Jack Nicholson notamment, mais cette fois, les qualités visuelles de ce long métrage placent cette coproduction canadienne dans une classe à part. Malgré quelques maladresses narratives, Amigorena sait susciter habilement l'émotion et la réflexion à l'aide du cadrage, de la composition, de la lumière et des mouvements de caméra.

En outre, l'excellente interprétation de Marie-Josée Croze prend une grande importance dans un tel projet basé sur les non-dits, les regards, la gestuelle, la présence pure et simple à l'écran. Le silence du titre est le fait de personnages peu loquaces, mais aussi celui de paysages, soit nordiques ou désertiques, unissant dans un même malaise ces errants blessés, malheureux, que sont la justicière et sa proie.

Santiago Amigorena explore les sentiments aveugles de la colère, des regrets, du vide existentiel, voire du pardon. Il s'agit là d'un cinéaste à surveiller de près, qui n'a pas peur de se colletailler à des grands questionnements en faisant confiance à la force des images et leur potentiel évocateur. Quant à Marie-Josée Croze, elle ajoute une merveilleuse composition à une palette déjà riche en couleurs.




Another Silence. Drame de Santiago Amigorena. Avec Marie-Josée Croze, Benz Antoine et Tony Nardi. 1h30