Rouler en véhicule récréatif sans brûler de l’essence est le rêve de plus en plus d’amateurs de plein air. Ce fantasme apparaît désormais possible grâce à la société Bromont Campervan. À partir de l’été prochain, elle offrira en location un Ford E-Transit aménagé en autocaravane complètement électrique. La Presse en a fait l’essai en primeur.

Trois petits chiffres, affichés sous le mot « autonomie » sur le tableau de bord, nous font réaliser rapidement que nous ne sommes pas à bord d’un véhicule à moteur thermique. Ce nombre ne dépassera jamais les 198 kilomètres (en conditions météo idéales), même avec des batteries chargées à bloc.

Bref, aussi bien l’avouer d’emblée, cette autocaravane n’est pas faite pour les amateurs de road trips. Au cours de notre essai, réalisé pendant une froide fin de semaine d’automne, il a fallu 35 minutes à une borne de 100 KW pour faire remonter notre aiguille de charge de 41 % à 85 %. Quelle distance avions-nous parcourue depuis notre recharge précédente, encore à 85 % ? À peine 100 kilomètres.

Le recours au système de chauffage a certainement grugé une partie de l’autonomie, mais l’air climatisé dans les chaleurs de juillet en fera probablement tout autant.

PHOTO ANDRÉ LAROCHE, COLLABORATION SPÉCIALE

Avec ce Ford E-Transit (électrique), il faut bien calculer ses distances pour ne pas tomber en panne.

Le tourisme lent

À première vue, ce handicap peut sembler un écueil important. Il force le voyageur à mieux prévoir ses trajets, tout d’abord pour ne pas tomber en panne, mais aussi pour bien concilier ces arrêts obligés avec ses pauses repas et ses intérêts touristiques. Le temps est une valeur précieuse, même (surtout ?) en vacances.

C’est pourquoi cette autocaravane plaira davantage aux adeptes du tourisme dit « lent ». Les Québécois ont eu un avant-goût, en temps de pandémie, de cette façon de voyager : au lieu de passer ses vacances à rouler sur de grandes distances, le « touriste lent » va opter pour la découverte d’une région choisie, d’une boutique d’artisan à une table gourmande en passant par un musée, une microbrasserie ou un parc aquatique.

Il n’est pas anodin, d’ailleurs, qu’on retrouve la plupart du temps à ces endroits des bornes de recharge.

Toutes les précautions ne nous ont pas mis à l’abri des arrêts de mi-parcours. Mais pour le touriste lent, ces haltes inopinées (« Regarde ! Il y a une borne là ! ») peuvent aussi se transformer en autant d’occasions à saisir.

Ainsi, dans notre petit périple, on a fait une marche imprévue dans le charmant village d’Ayer’s Cliff. Et le lendemain, devant la météo pluvieuse, hop ! on a installé la table et sorti les jeux de société.

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Les arrêts qu’impose le Ford E-Transit (électrique) permettent de faire des découvertes.

Aménagement utilitaire

Dans cette optique, l’aménagement de l’autocaravane de Bromont Campervan, imaginé par le préparateur EazyVans de Cowansville, peut laisser perplexe à certains égards.

L’absence de véritables banquettes, le métal des portes arrière, le plafond bas et la rareté de la lumière naturelle nous ont fait sentir, par un jour de froidure, vraiment confinés à l’arrière d’un camion utilitaire. Difficile, dans ces conditions, de se laisser aller à la détente et à la langueur. Même la position de la table, décalée par rapport aux bancs, n’incite pas aux tête-à-tête.

En revanche, le confort spartiate et le grand espace cargo feront la joie de tous ceux qui aiment trimballer vélos et autres jouets pour s’amuser dehors. Les planchers caoutchoutés, durables et facilement lavables, sont d’ailleurs faits pour recevoir sable, boue et autres traces de plaisirs extérieurs.

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L’absence de véritables banquettes, le métal des portes arrière, le plafond bas et la rareté de la lumière naturelle sont quelques désavantages de ce Ford E-Transit (électrique).

Cuisinette et lit amovible

Le véhicule est équipé d’une cuisinette complète avec frigo, table escamotable, évier et eau courante, ainsi qu’une plaque chauffante par induction. Une toilette chimique est bien dissimulée dans un tiroir. Le joli fini en bois verni, agrémenté de motifs de feuillage, s’avère un choix judicieux, en accord avec les vertus vertes d’une fourgonnette électrique.

Tous les accessoires électriques sont alimentés par une puissante batterie auxiliaire, ce qui n’entame aucunement l’autonomie de la caravane.

À l’arrière se trouve un lit à deux places amovible que l’on peut remonter au plafond, le matin venu, à la seule pression d’un bouton. On a ainsi un meilleur accès à d’ingénieux compartiments, bien répartis le long des murs, qui permettent une organisation efficace du matériel. Une télécommande permet de verrouiller tous les tiroirs d’un seul coup pour s’assurer qu’ils ne s’ouvrent pas au premier virage.

PHOTO ANDRÉ LAROCHE, COLLABORATION SPÉCIALE

L’intérieur du Ford E-Transit

La conduite et le confort ne diffèrent pas tellement de ceux d’un véhicule à essence. La tenue de route, l’accélération et le niveau sonore ne nous ont dépaysés d’aucune façon. Il était simplement curieux d’enclencher les vitesses avant, arrière et le point mort avec un bouton semblable à un sélectionneur de ventilation.

Et la consommation, dans tout cela ? Parcourir 417 kilomètres en trois jours, à une vitesse moyenne de 95 km/h, sur autoroute et routes secondaires des Cantons-de-l’Est, nous a coûté en tout 45,16 $. Mieux, nous avons terminé le périple avec une conscience environnementale plus tranquille et un goût de recommencer.

Appréciation

On aime

  • L’absence de gaz d’échappement
  • L’agrément de conduite
  • Le lit amovible
  • Les rangements ingénieux

On aime moins

  • L’absence de branchement sur un robinet extérieur
  • L’absence de thermopompe indépendante
  • Le plafond bas
  • La rareté de la lumière naturelle à l’arrière