Les mythes ont la vie dure. Au Québec, où les conditions hivernales sont parfois rudes, il n’est pas rare de lire sur des forums très animés que le tout-électrique ne peut pas constituer une solution réaliste. On dit même que l’on ne peut pas mettre le chauffage, sous peine de voir l’autonomie s’effondrer. Qu’en est-il vraiment ?

Au cours des dernières semaines, plusieurs dizaines de lecteurs de la section Auto de La Presse ont répondu à notre invitation de nous faire part de leurs commentaires sur leurs expériences hivernales avec un véhicule électrique. Voici ce qu’ils ont à raconter.

Des inconvénients

Denis Grenier possède une Ford Mustang Mach-E depuis un peu plus d’un an. Il visite régulièrement sa famille qui se trouve à 550 km de sa résidence.

« L’hiver dernier, par - 20 ℃, j’ai entrepris ce voyage. En comparaison avec un véhicule à essence, il y a plusieurs inconvénients. L’autonomie est réduite de quelque 25 %, ce qui signifie des arrêts fréquents et prolongés. Le système de climatisation peine à garder l’habitacle confortable, et ce, même lorsque l’on ne lésine pas sur la consommation électrique. La recharge électrique sur une borne 220 volts du Circuit électrique demande beaucoup plus de temps, surtout lorsqu’il fait très froid. »

Il note également que le toit panoramique en verre ajoute de la luminosité à l’habitacle, mais contribue au refroidissement de l’habitacle, ce qui est un inconvénient important.

Ces inconvénients n’ébranlent pas sa foi dans le tout-électrique.

D’avril à novembre, rien ne peut remplacer mon véhicule actuel. Cependant, pour le congé des Fêtes cette année, j’opterai pour le véhicule hybride [autre véhicule de son foyer] pour visiter ma famille.

Denis Grenier, propriétaire d’une Ford Mustang Mach-E

Quelques trucs

Daniel Bigras possède une Tesla S 100 D de 2018. De son côté, il note une perte d’autonomie de quelque 40 % en hiver. « En été, je peux parcourir 520 km, comparativement à 300 km l’hiver. » Pour M. Bigras, il existe des moyens pour améliorer l’efficacité hivernale des véhicules électriques. « Il est préférable de brancher le véhicule et de programmer son heure de départ afin que la batterie atteigne sa température optimale avant de prendre la route. »

Randy Hamlyn, fier propriétaire d’une Kia Soul EV, reconnaît lui aussi perdre « un quart de l’autonomie durant l’hiver », mais cela ne l’inquiète aucunement. « Lorsque j’utilise le démarrage à distance, après cinq minutes le pare-brise est dégagé et l’intérieur de l’auto est bien réchauffé. Et plus rapidement que les véhicules à essence que j’ai possédés. »

Relativisons un peu

Alors que les véhicules peuvent perdre jusqu’à 50 % de leur autonomie par temps très froid, ceux à essence ne font guère mieux. Dans les mêmes conditions, selon une étude de l’EPA (Environmental Protection Agency), un véhicule à moteur thermique peut consommer jusqu’à 28 % plus d’essence. Un phénomène auquel de nombreux automobilistes ne prêtent pas attention en raison du réseau étendu des postes de ravitaillement. Par ailleurs, au ralenti pour une période de 10 minutes, un modèle à essence peut émettre jusqu’à 1200 grammes de CO2. Un véhicule électrique ? Rien.