(Québec) Les objectifs du Québec en matière de véhicules à faibles émissions de gaz à effet de serre (GES) sont tellement peu contraignants que les grands manufacturiers pourraient se permettre de ne plus vendre aucun véhicule électrique d’ici à septembre 2022.

C’est ce qui ressort du tout dernier rapport sur la Loi visant l’augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission. C’est donc la preuve qu’il faut renforcer la loi avec de cibles contraignantes, selon l’opposition.

En clair, les manufacturiers ont déjà vendu suffisamment de véhicules soit hybrides, soit électriques, pour se conformer à la loi pour toute la période 2019-2021.

Objectifs dépassés

Ils ont déjà dépassé, et de loin, le nombre de « crédits » qu’ils devaient accumuler, selon la formule de calcul établie.

« Les crédits accumulés jusqu’à maintenant par l’industrie dans son ensemble seraient suffisants pour satisfaire aux exigences de la période de conformité 2019-2021, même si les constructeurs ne vendaient aucun véhicule électrique de plus à partir de maintenant jusqu’au 1er septembre 2022 », peut-on lire.

Ainsi, les constructeurs automobiles devaient accumuler en vertu des exigences pour la période 2019 un total de 29 849 crédits. Ces crédits sont accordés en fonction du nombre de véhicules zéro émission, ou à faibles émissions, ou à prolongateur d’autonomie qu’ils ont vendus.

Or en date du 1er septembre 2020, ils avaient compilé au total 83 812 crédits, bien au-delà de ce qu’on leur demande.

Le gouvernement devrait songer à être plus sévère envers les constructeurs pour qu’ils proposent et vendent davantage de véhicules à faibles émissions, propose le rapport.

« L’abondance de crédits accumulés soulève la question d’un resserrement potentiel de la norme et de l’augmentation des exigences de crédits », écrit-on.

Rehausser les normes

L’opposition péquiste demande de rehausser les normes du projet de loi pour que les constructeurs offrent dans leur gamme davantage de véhicules électriques ou des véhicules hybrides pourvus d’une autonomie plus grande en mode électrique.

Cela peut être fait par voie réglementaire ou législative, selon des modalités qui restent à préciser, a évoqué le porte-parole péquiste en matière d’environnement, Sylvain Gaudreault.

« II faudrait aussi rendre les cibles contraignantes comme la Colombie-Britannique », a-t-il poursuivi, au cours d’une entrevue téléphonique.

En outre, il faudrait maintenant adopter une autre loi « zéro émission », mais cette fois pour les véhicules lourds, comme la Californie, a conclu M. Gaudreault

Rappelons que le secteur des transports produit 44,8 % des émissions de GES du Québec.

La Presse Canadienne souhaitait s’entretenir avec le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, mais son attachée de presse a plutôt envoyé une déclaration.

« Le gouvernement s’est engagé, dans son Plan vert 2021-2026, à rehausser les exigences de la norme Véhicules zéro émission (VZE) pour les véhicules légers, a-t-elle écrit. Le ministère a débuté à l’été 2020 une série de consultation des différentes parties prenantes, autant sur les résultats obtenus jusqu’à maintenant par la norme VZE que sur les améliorations possibles à lui apporter pour le futur. »