(Ottawa) Les remises en espèces ont convaincu plus de Canadiens d’acheter une voiture électrique au cours des 18 derniers mois, mais Transports Canada affirme que cela ne suffira pas pour atteindre les premiers objectifs de vente de véhicules zéro émission en 2025.

Transports Canada s’est fixé comme objectif que 10 % des véhicules légers seront électriques d’ici 2025. L’objectif monte à 30 % d’ici 2030. On espère que la totalité de la flotte automobile des Canadiens sera électrique d’ici 2040. La dernière analyse de la situation laissait entendre que le Canada n’atteindra qu’un pourcentage de 4 à 6 % d’ici 2025 et 10 % d’ici 2030.

Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement fédéral offre des remises en espèces pour les consommateurs. Il a aussi investi des millions de dollars pour installer des bornes de rechange, donner des crédits d’impôt aux entreprises achetant des véhicules électriques. Il souhaite convaincre les constructeurs d’établir des quotas de ventes volontaires.

La directrice générale de la politique environnementale à Transports Canada, Megan Nichols, a indiqué au comité permanent de l’environnement de la Chambre des communes que les ventes avaient augmenté, mais une réflexion était en cour pour voir si d’autres mesures incitatives pourraient être adoptées.

« Nous savons que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour atteindre nos objectifs de vente », a-t-elle écrit dans un mémoire remis au comité le 26 octobre.

Mme Nichols et des responsables de plusieurs autres ministères ont indiqué au comité qu’un éventail d’options étaient à l’étude : des quotas de vente, incitatifs financiers pour la mise au rebut des véhicules à essence, et inclure la vente d’occasion de véhicules électriques dans les remises fédérales.

Selon Mme Nichols, le coût d’un véhicule électrique ne sera pas comparable à celui d’un modèle à essence comparable au cours des cinq prochaines années. Elle croit que le programme de remises sera nécessaire d’ici ce temps.

Le gouvernement fédéral offre jusqu’à 5000 $ pour l’achat d’un véhicule électrique et jusqu’à 2500 $ pour des modèles hybrides rechargeables. Le prix d’achat maximal du modèle le plus bas de gamme ne peut pas dépasser 45 000 $.

Le programme de 300 millions a été lancé en mai 2019 et devait durer jusqu’en 2022. Toutefois, plus de 255 millions avaient déjà été réclamés à la fin du mois de septembre.

Le ministre des Transports, Marc Garneau, envisage d’élargir le programme depuis plus d’un an maintenant. Il compte toujours d’aller de l’avant.

C’est un programme extrêmement populaire. C’est quelque chose que j’aimerais voir se poursuivre. Nous sommes en train de l’examiner.

Marc Garneau, ministre fédéral des Transports

Joanna Kyriazis, conseillère principale en politiques chez Clean Energy Canada, croit que le gouvernement devra adopter de nouvelles mesures s’il veut atteindre ses objectifs. Elle propose notamment de prolonger le programme de remises, d’y admettre la vente de voitures d’occasion et mieux cibler ce programme pour atteindre les Canadiens qui ne pourraient acheter un véhicule électrique sans l’existence du programme.

« Nous voulons voir quelques ajustements à ce programme pour nous assurer que l’argent parvient aux Canadiens qui en ont le plus besoin, pas à ceux qui en auraient acheté un véhicule électrique de toute façon », dit-elle.

Mme Kyriazis demande aussi que des quotas soient établis. Elle fait remarquer que le Québec et la Colombie-Britannique, les deux seules provinces offrant des remises et établissant des quotas, représentent près de 80 % de l’ensemble des ventes de voitures électriques au pays.

Selon Statistique Canada, les ventes d’électricité et d’hybrides rechargeables sont passées de moins de 1 % de toutes les ventes de véhicules légers en 2015 et 2016 à 1 % en 2017, 2 % en 2018 et 2,7 % en 2019.

Les données du groupe de pression Mobilité électrique Canada montrent en outre que les ventes ont augmenté pour atteindre 3,3 % au premier semestre 2020, une période au cours de laquelle les ventes de voitures étaient en baisse en raison de la pandémie de COVID-19.

Le groupe signale qu’il y a actuellement 168 000 véhicules électriques sur les routes canadiennes, soit moins de 1 % des 23 millions de véhicules légers immatriculés au total.

Les objectifs de vente de Transports Canada visent à augmenter ce chiffre à 825 000 voitures électriques immatriculées en 2025 et à 2,7 millions en 2030.

À l’heure actuelle, les véhicules légers produisent plus d’un dixième des émissions de gaz à effet de serre du Canada, et leurs émissions totales ont augmenté de 10 % au cours de la dernière décennie, malgré des normes d’émissions plus strictes pour les véhicules.

C’est principalement parce qu’il y a plus de voitures sur la route et que les VUS et les camionnettes, qui produisent plus d’émissions par kilomètre, représentent maintenant près de 80 % des ventes au Canada.