Il y a quelques semaines, le monde des lettres a marqué le 50e anniversaire du jour où Albert Camus s'est tué dans un bête accident de la route. Son ami, Michel Gallimard (neveu de son éditeur, Gaston Gallimard), roulait vite, autour de 130 km/h, ont estimé les policiers à l'époque. Il a perdu le contrôle de sa voiture sport, qui s'est écrasé contre un platane. Camus était assis à droite, dans le siège du mort.

Une mort banale et absurde pour un être d'exception qui, justement, souffrait de l'absurdité du monde.

 

La Facel Véga était une voiture remarquable. Elle avait un corps de française et un coeur américain: sa carrosserie avait été dessinée par Jean Daninos, le frère de l'écrivain Pierre Daninos (qui a suggéré le nom de Véga, parce que c'est la plus brillante étoile de la constellation de la Lyre, l'instrument d'Apollon, dieu de la Beauté et des Arts). Son moteur était un énorme V8 fait par Chrysler, aux États-Unis, et vendu à Facel en crate engine (moteur vendu au détail par le fabricant).

 

La voiture était prisée des stars (et du Shah d'Iran!), mais il fallait être un bon pilote pour maîtriser sa puissance. Le grand pilote anglais Stirling Moss en avait une, à bord de laquelle il se rendait de piste en piste, chaque week-end, pour aller courir.

 

En 2006, notre collègue Alain Raymond, qui signait alors la rubrique Dans le rétroviseur, avait rédigé le texte qui suit sur la voiture dans laquelle Camus est mort.

 

Aujourd'hui encore, des associations de propriétaires de cette voiture sport de luxe existent en Europe, en France et en Angleterre.

 

Un des effets secondaires de la mort de Camus, ici, est que les Québécois d'un certain âge - ayant lu Camus au cégep - savaient ce qu'était un platane avant d'en voir le long des routes à leur premier voyage en France. (Indice littéraire aux plus jeunes: le platane est l'équivalent pour la génération précédente du putain de camion de Coluche, lui aussi mort sur la route.)

 

Source de la vidéo: Institut national de l'audiovisuel de France.