Jusqu'à il y a peu, Manon Gélinas et Claude Dagenais étaient «zéro» en mécanique. Des amateurs de chars? Absolument pas! Simplement des voyageurs qui aiment «les véhicules différents, les voitures qui ont du caractère». À l'aube de planifier un road-trip, le couple a déniché au fin fond du Nouveau-Mexique un Volkswagen Riviera 1979. Leur mythique «combi» (pseudonyme européen), qui a transporté la génération Peace and Love, porte aujourd'hui une griffe distinctive.

C'est en furetant sur le web qu'ils sont tombés sur un garage un peu particulier. Une annonce sur eBay les a menés jusqu'à Catchthebus26.com. Séduit par la philosophie de cette jeune entreprise, le couple commande en mars un combi 1979 qui sera entièrement rénové et, surtout, personnalisé. Le tas de ferraille est transformé en quelques mois en un Riviera jaune et blanc prêt à prendre la route. «Brandon», ainsi baptisé, est né.

Le résultat est étonnant. Le véhicule est resté fidèle à ses origines tout en étant complètement restauré selon les désirs des nouveaux propriétaires. Sa carrosserie monocoque est intacte. Sa transmission est une boîte manuelle à quatre vitesses «infatigable». Ses suspensions sont indépendantes. Avec sa traction arrière, ce véhicule se débrouillerait très bien dans la neige. Traditionnellement logé à l'arrière, le moteur d'origine a été refait au complet. Il s'agit toujours d'un quatre-cylindres de 2 litres, refroidi à l'air et faisant 85 CV. Un petit système de climatisation a été installé. Une deuxième batterie a été placée à gauche du moteur. Alimentée par le panneau solaire installé sur le toit, elle est utile à certains équipements tels que le petit frigo. Seul inconvénient, le chauffage est insuffisant pour notre climat, pour ne pas dire inexistant.

À l'intérieur, le poste de conduite et le tableau de bord n'ont quasiment pas changé, à deux ou trois boutons près. La direction est toujours aussi dure. L'espace de vie aménagé derrière les sièges avant est par contre personnalisé, jusqu'au moindre détail, y compris les rideaux. Le plafond est couvert de lambris. Le plancher est fait de bambou. Les sièges arrière sont en vinyle. Même les crochets pour installer un hamac pour enfant au-dessus du tableau de bord sont là! Sans oublier le cric d'origine.

Le toit, qui se lève sur toute sa longueur (détail typique d'un modèle Riviera), a été le plus difficile à récupérer. Le combi choisi par Manon et Claude n'avait presque pas de rouille. «Il faut être beaucoup plus vigilant si on en achète un au Québec. Des problèmes de rouille sont alors possibles», prévient M. Dagenais.

Depuis son arrivée au Québec, le véhicule suscite sourires et interrogations sur son passage et rappelle des souvenirs à certains. «Pour les 18-25 ans, c'est un symbole de liberté, explique Claude. Sur l'autoroute, les gens nous prennent en photo avec leur téléphone. L'autre jour, à la pompe, une jeune femme a appelé ses amis pour leur dire qu'il y avait un «Scoubidou mobile».»

La popularité du combi s'est manifestée jusque dans les garages où il a dû passer. «À chaque garage, les mécaniciens se font prendre en photo», souligne M. Dagenais.

Lui et sa conjointe ont entamé il y a maintenant deux semaines un périple aux États-Unis. «Notre véhicule, c'est un brise-glace pour notre voyage. On espère que des rencontres se feront», ont-ils dit avant de partir.

Tous deux n'avaient pas l'intention de se battre pour prendre le volant, pas plus qu'ils n'avaient de craintes quant à l'intégrité physique de leur «Brandon». «Avoir un véhicule qui reste dans un garage n'est pas notre genre», a soutenu Manon. «On l'a acheté pour l'utiliser, pas pour le spectacle ou la collection», a ajouté Claude.

Aux dernières nouvelles, le couple et son Brandon faisaient une halte du côté de Stuart, en Floride.