Les ventes d'autos sont plutôt bonnes ces semaines-ci, mais un nouveau souci se pointe à l'horizon pour l'industrie automobile: il y a cinq millions d'acheteurs potentiels de moins qu'en 2007 en Amérique du Nord, affirme une compagnie d'experts-conseils, qui prévient que cette estimation pourrait être revue, à la hausse.

La décroissance du marché potentiel, pour l'industrie automobile, a plusieurs causes, explique la firme d'analyse stratégique Alix Partners. La principale est l'économie, qui va mal aux États-Unis; les gens qui n'ont pas d'emploi n'achètent pas d'auto. Cela représente 4,25 millions d'acheteurs potentiels en moins. Si l'économie s'améliore, les consommateurs pourraient retourner en partie chez les concessionnaires automobiles.

Mais on voit apparaître une baisse permanente de la demande à cause de deux tendances démographiques lourdes. La première est que les jeunes dans la vingtaine sont moins obsédés par la mobilité automobile que les générations précédentes et un certain nombre d'entre eux n'ont aucun intérêt pour l'achat d'une auto. Ce n'est pas la première fois que l'on entend cela, mais 2012 est la première année où cette désaffection pour l'auto est assez marquée pour qu'on puisse en chiffrer les conséquences. Cela représente 100 000 clients potentiels de moins parmi les jeunes de la génération Y, les enfants des baby-boomers.

Ce n'est pas un chiffre énorme encore. Mais il s'ajoute à une autre tendance lourde: au fur et à mesure que les boomers prennent leur retraite, ils ont moins de raisons de conduire. Donc, ils ont moins besoin de véhicules. Cela représente 650 000 clients potentiels de moins. Ajoutés aux jeunes qui n'ont aucun intérêt pour l'automobile, ça fait trois quarts de million de clients potentiels en moins.

Internet " iPhone = moins d'autos vendues

Or, ces deux groupes d'acheteurs moins intéressés vont aller en s'accroissant, dit Alix Partners. Et les boomers et la génération Y sont les deux groupes démographiques les plus importants en Amérique du Nord.

«L'industrie automobile américaine assiste à l'arrivée de la génération N: la génération au neutre, en ce qui touche l'auto», explique Mark Wakefield, l'un des dirigeants du service de recherche automobile d'Alix Partners. Cette génération aussi importante en nombre que celle des baby-boomers a grandi en s'intéressant à l'internet et beaucoup moins à l'auto, dit M. Wakefield, qui ajoute: «Pour l'industrie automobile, cette cohorte de non conducteurs pourrait représenter une difficulté plus grande encore (que celle des boomers), en termes de réduction de la demande fondamentale.»

Alix Partners ne se hasarde pas à prédire combien d'autres clients potentiels disparaîtront à cause de la génération N, de la démographie et de l'économie.

Mais Alix Partners estime que les ventes totales d'autos aux États-Unis et au Canada ne dépasseront pas 16 millions par année jusqu'en 2015 et peut-être au-delà.

La société d'analyse stratégique soutient aussi que les risques de contagion économique reliés aux problèmes de la dette européenne rendent improbable une embellie économique nord-américaine. Donc, les 4,25 millions de chômeurs ou de travailleurs pauvres qui ne sont plus des clients de l'industrie automobile n'ont pas beaucoup de chances de revenir sur le marché.