Une voiture qui appelle elle-même les secours en cas d'accident et prévient le conducteur des bouchons à venir: l'industrie automobile a tout à gagner en se mariant avec la technologie, a assuré le patron de Ford au Congrès mondial du mobile à Barcelone.

«Si nous ne faisons rien, nous avons la perspective d'un énorme embouteillage mondial, un bouchon qui ne s'arrête jamais et qui fait perdre du temps, de l'énergie, des ressources, voire compromet le bon déroulement du commerce et de la santé», s'est alarmé Bill Ford, dans un discours prononcé en début de semaine.

C'est en Chine, en 2010, que le record mondial avait été atteint, avec un bouchon durant 11 jours. Et les voitures seront toujours plus nombreuses au fil des ans, passant d'un milliard actuellement à 4 milliards d'ici 2050, selon Ford.

Fait inhabituel, elles ont même envahi les allées du rendez-vous annuel de la téléphonie mobile: Ford a lancé son petit monospace B-Max, l'opérateur américain ATT a présenté deux modèles de Nissan et BMW, Blackberry a accueilli sur son stand une Porsche...

Le point commun de ces quatre véhicules? Ils sont connectés. «La voiture a une carte SIM interne», explique un porte-parole de BMW, permettant par exemple de connaître l'état du trafic grâce à des informations transmises via le réseau mobile ou de contacter les secours en cas d'accident.

Même genre de prouesse chez le modèle de Ford, qui promet d'appeler les urgences «dans la langue locale» du pays où l'on se trouve.

«Si vous êtes un conducteur français en Espagne et que malheureusement vous avez un accident, le système appellera les services d'urgence en espagnol pour leur donner la position du véhicule et demander de l'aide pour vous», explique Paul Mascarenas, directeur de la technologie chez Ford.

«L'industrie des télécoms est essentielle pour créer un système de transport interconnecté, où les voitures sont intelligentes et peuvent parler entre elles mais aussi à l'infrastructure qui les entoure», a insisté Bill Ford, appelant à «regarder les véhicules sur la route comme nous regardons les téléphones intelligents, les ordinateurs portables et les tablettes, sauf que c'est beaucoup plus gros».

Finalement, «la voiture n'est qu'un appareil de plus, comme l'iPhone», estime aussi Glenn Lurie, président des partenariats chez ATT, même si le chemin à parcourir est encore long: «Aux États-Unis, il y a 260 millions de voitures mais moins de 5% sont connectées».

«L'industrie automobile est vraiment intéressée (par les technologies), mais elle est très lente à bouger car ce qui la préoccupe, ce sont les questions de sécurité», note Andy Gryc, responsable marketing au sein de QNX, filiale du canadien RIM (Blackberry) spécialisée dans ce domaine.

Car pas question de distraire le conducteur en le faisant regarder un écran de télévision ou jouer à des jeux en ligne.

 

Maintenant que cet aspect a été intégré par l'industrie mobile, le concept de voiture connectée «commence vraiment à décoller», se réjouit Andy Gryc.

Un mariage qui peut s'avérer lucratif: selon une étude publiée lundi par l'institut Machina Research, d'ici 2020, 90% des nouvelles voitures seront connectées et ce marché génèrera 600 milliards de dollars. Reste un détail à régler: «Ce sont deux mondes très différents, la conception d'une voiture prend plusieurs années, alors que dans le mobile, ça change tous les jours», note Aurore Tenenbaum, directrice France de Alk Technologies, dont l'autoradio Copilot, sur lequel se branche un iPhone, équipe une partie de la gamme Renault Twingo.

Du coup, en matière de technologie, «ce que nous avons dans la voiture quand elle sort est déjà obsolète», souligne Andy Gryc. «Ils vont devoir aller de plus en plus vite» pour suivre le rythme effréné de la haute technologie, renchérit Glenn Lurie.

Photo AFP

L'industrie automobile a tout à gagner en se mariant avec la technologie, a assuré le patron de Ford au Congrès mondial du mobile à Barcelone.