Les usagers du régulateur de vitesse (cruise control) ont tous vécu une situation similaire sur l'autoroute. Une voiture arrive derrière, dans la voie de gauche, alors qu'on fait un dépassement à une vitesse à peine supérieure à celle de la voiture qui se trouve dans la voie de droite (par exemple autour de 120 km/h). Dès qu'on peut, on se range à droite pour laisser passer l'automobiliste pressé. Mais, quelques kilomètres plus loin, on se retrouve derrière lui, dans la voie de gauche, parce qu'il a décidé de ralentir.

Exaspéré, on se demande alors pourquoi lui aussi ne se sert pas de son régulateur de vitesse. En fait, on a parfois l'impression que les régulateurs de vitesse sont boudés, même par les conducteurs de voitures de luxe qui en sont toutes pourvues.

 

Aucune étude ne s'est encore penchée sur le taux d'utilisation du régulateur de vitesse. Fort heureusement, un projet du ministère des Transports américain permet d'avoir des chiffres approximatifs... qui confirment que ce dispositif n'a pas la faveur des automobilistes.

 

> SONDAGE ÉCLAIR: AIMEZ-VOUS LE RÉGULATEUR DE VITESSE?  FAITES-NOUS CONNAÎTRE VOS IMPRESSIONS DANS LA BOÎTE DE COMMENTAIRES, EN BAS DU TEXTE PRINCIPAL. 

Le projet de l'Institut de recherche sur les transports de l'Université du Michigan, qui visait à évaluer l'acceptabilité des régulateurs de vitesse automatiques (qui ralentissent à l'approche d'un obstacle, puis accélèrent une fois qu'il n'est plus là), a suivi les conducteurs de 10 Buick LeSabre pendant 12 mois. Les participants disposaient d'un régulateur de vitesse ordinaire pendant la moitié de l'expérience et d'un régulateur de vitesse adaptatif pendant l'autre moitié. Durant l'étude, ils ont conduit un total de 200 000 km.

 

Même s'ils avaient été choisis pour leurs bonnes dispositions face aux régulateurs, ces derniers n'ont été utilisés que sur 37% des kilomètres parcourus sur des autoroutes. Comme ce chiffre grimpait à 60% avec les régulateurs de vitesse automatiques, la raison saute aux yeux: les automobilistes n'aiment pas freiner en arrivant derrière une voiture plus lente, puis appuyer sur le bouton de reprise de la vitesse de croisière.

 

Quand la circulation est dense, le régulateur automatique est utilisé 3,5 fois plus souvent, note l'auteur de l'étude, James Sayer, en entrevue téléphonique. «C'est la situation pour laquelle le régulateur est prévu. Mais on voit aussi une conséquence imprévue: les gens s'en servent davantage même quand il n'y a pas beaucoup de circulation. Soit parce que ça devient une habitude, soit parce que certains irritants du régulateur classique sont éliminés. Il semble que pour certaines personnes, devoir freiner puis remettre le régulateur en marche est un motif suffisant pour ne pas s'en servir, même si ça n'arrive qu'à toutes les 20 minutes.»

 

Quelques comportements inattendus ont été observés. Certains automobilistes se servaient du régulateur automatique pour ralentir quand ils sortaient de l'autoroute: ils se plaçaient derrière une voiture qui sortait elle aussi et le régulateur suivait la même décélération jusqu'à l'arrêt. Quand la circulation était dense, les conducteurs utilisaient souvent le plus petit intervalle possible avec les obstacles, pour éviter qu'un autre automobiliste ne se glisse devant eux. Le régulateur automatique peut être réglé à différents intervalles avec les obstacles, selon qu'on veut que la décélération survienne plus ou moins loin des obstacles. Un radar permet de mesurer la distance nécessaire pour respecter l'intervalle voulu. En moyenne, l'intervalle était modifié environ deux à trois fois par heure de conduite.

 

 

Les femmes et les jeunes étaient moins susceptibles d'utiliser le régulateur, mais la différence s'amenuisait avec le régulateur automatique. Les femmes utilisaient 30% moins le régulateur que les hommes, en moyenne, mais la différence s'amenuisait avec l'âge. «Les femmes font plus confiance au régulateur quand elles ont plus d'expérience de conduite», note M. Sayer.

 

La vitesse choisie pour le régulateur automatique était plus élevée: une vitesse de 80 milles à l'heure (128 km/h) était choisie sur 8% de la distance parcourue, et sur 1% avec le régulateur ordinaire. Par contre, les dépassements étaient moins fréquents, parce que les automobilistes mettaient parfois du temps à se rendre compte qu'ils avaient ralenti derrière une voiture qui allait moins vite.

 

L'étude a aussi évalué un système avertissant les automobilistes à l'approche d'un obstacle. «Les fausses alertes sont nombreuses, alors le système semble moins acceptable», note M. Sayer.

 

Le régulateur de vitesse a été mis au point en 1945 par un inventeur de Pennsylvanie, Ralph Teetor, dont la famille avait fondé une entreprise de pistons. La petite histoire veut que M. Teetor, qui était aveugle, ait eu l'idée du régulateur après une randonnée particulièrement éprouvante avec son avocat, un bavard incorrigible qui ralentissait et accélérait au rythme de la conversation; on peut penser que le handicap de M. Teetor le rendait particulièrement sensible aux fluctuations de vitesse.

 

Fausses alertes

 

Les autorités américaines ont testé un système qui avertit les automobilistes qu'un obstacle se trouve sur leur trajectoire. Les fausses alertes sont courantes. Voici les plus fréquentes.

 

> Obstacle immobile qui ne se trouve pas sur la trajectoire directe de l'automobile: 36% des cas.

 

> Véhicule en mouvement temporairement sur la trajectoire de l'automobile mais qui ne pose pas de risque de collision (par exemple une voiture qui dépasse dans la voie de gauche ou qui tourne à droite ou à gauche): 32% des cas.

 

> Véhicule en mouvement qui e trouve sur la trajectoire de l'automobile et nécessite un freinage: 27% des cas.

 

Source: NHTSA

 





 

Photo AFP

Quand la circulation est dense, le régulateur automatique est utilisé 3,5 fois plus souvent, selon une étude du département américain des Transports.