Le salon de l'automobile de Tokyo, qui ouvre mercredi pour la presse, offre une tribune aux constructeurs japonais qui veulent impressionner avec deux innovations majeures, la conduite autonome et l'hydrogène.

Bien que de taille relativement modeste (160 exposants, y compris des fournisseurs), la 44e édition de cet événement biennal, organisé du 29 octobre au 8 novembre, va tenter d'attirer la lumière sur des technologies dont les Japonais se vantent d'être pionniers.

Éclipsé par le salon de Shanghai, le Tokyo Motor Show est d'autant plus une vitrine nippone qu'il n'a plus les honneurs des groupes américains General Motors (GM) et Ford depuis la crise financière internationale de 2008-2009.

Les manufacturiers allemands, dont les voitures de luxe BMW, Volkswagen (Audi, Porsche) et Mercedes-Benz sont appréciées au Japon, feront cependant le déplacement.

Seront aussi de la partie les français Renault et Peugeot-Citroën, l'italo-américain Fiat Chrysler ou encore le britannique Jaguar Land Rover (groupe Tata Motors), en quête d'une plus grande notoriété dans un archipel acquis aux Nippons.

Touche écolo

Le salon tokyoïte, qui refuse les critiques et «n'admet pas être devenu un événement de second rang», peut compter sur la force de frappe de l'industrie automobile japonaise, dans l'ensemble florissante, malgré la morosité du marché intérieur et le ralentissement en Chine.

«30% des véhicules vendus dans le monde sont de marque japonaise, et avec les deux-roues cette proportion est encore plus élevée», s'est félicité lundi devant la presse Fumihiko Ike, président de l'Association des constructeurs japonais d'automobiles (JAMA) qui organise le Tokyo Motor Show.

Toyota a même repris la première place au palmarès des ventes mondiales sur les neuf premiers mois de l'année, après avoir été brièvement détrôné par Volkswagen.

Le géant de la région de Nagoya réserve au public quelques surprises, tout comme Nissan et Honda, les deux autres fleurons du secteur.

Près d'un an après la sortie de la Mirai de Toyota, Honda va présenter sa propre voiture à pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène, pour une commercialisation prévue début 2016. La firme promet une plus grande autonomie que sa rivale (700 km) et plus d'espace (cinq places).

De son côté, Toyota, auréolé du succès de la Mirai, qu'il espère vendre à 30 000 exemplaires par an à horizon 2020, donnera un avant-goût du modèle qui lui succèdera avec le «FCV Plus Concept», aux lignes futuristes et aux fonctionnalités étendues.

Champion de la voiture hybride (essence-électricité) dont il a vendu plus de huit millions d'exemplaires depuis son lancement en 1997, le groupe affiche ses ambitions écologiques. Son objectif: bannir les voitures propulsées au carburant fossile d'ici à 2050.

Dans un salon plus que jamais réceptif à ces questions quelques semaines après les révélations sur les moteurs diesel truqués de Volkswagen, Nissan entend lui aussi décliner sa partition. Il montrera la dernière version de sa voiture électrique Leaf, dotée d'une batterie plus performante.

Lâcher le volant

Pour la firme de Carlos Ghosn, la voiture du futur sera électrique, mais aussi autonome. Nissan teste actuellement sur les routes un prototype Leaf doté de multiples capteurs, radars, caméras et scanneur laser offrant une vision à 360 degrés.

Dès 2016, la compagnie de Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, veut permettre aux automobilistes de lâcher le volant en cas de bouchons sur autoroute. En 2018, la voiture sera carrément capable d'évoluer seule à vitesse normale sur ces mêmes axes de circulation. 2018, soit deux ans avant Toyota et Honda qui viennent de dévoiler leurs ambitions dans ce domaine.

Une chose est sûre: les acteurs japonais ne veulent pas se laisser distancer par leurs concurrents étrangers, de Tesla à GM, sur un marché mondial qui pourrait atteindre 60 milliards de dollars d'ici à 2030.

Aux côtés de ces grands thèmes, le public pourra découvrir des véhicules fantaisistes qui prendront peut-être un jour la route.

Ainsi Nissan exposera-t-il une mini-voiture électrique - «Teatro for Dayz» - destinée aux générations de jeunes ultra-connectés et pas vraiment attirés par la voiture. L'idée: un habitacle ultra-simple qui, à l'arrêt, peut se muer «en un simple geste en une salle de jeu vidéo, un écran de cinéma ou un espace où converser en ligne avec ses amis».

Dans un registre opposé, Toyota a conçu un véhicule à l'esthétique des années 30 surnommé «Kikai» (machine en japonais) exhibant ses entrailles (réservoir, suspensions, pneus...), en hommage à «la beauté de la mécanique».