Comme il n'y a pas de mal à être chauvin, le Salon de Montréal fait chaque année une belle place aux créations d'ici. Mais cette année, la vedette du salon se démarque à plus d'un niveau. La Magnum MK5 est sans doute la voiture de fabrication québécoise la plus aboutie à ce jour.

Sans porter ombrage à d'autres projets de voitures québécoises, la barquette de piste construite à Boucherville est certainement celle qui a obtenu le plus de résonance à l'étranger. Le Concours d'élégance de Boca Raton, en Floride, et l'exposition SEMA, à Las Vegas, ne sont pas de mauvaises tribunes, il va sans dire.

«On a promené la voiture pendant toute l'année dans des événements privés et nous avons aussi été invités dans quelques salons à vocation particulière, nous a expliqué le créateur de la voiture, Bruno St-Jacques, dans les minutes qui ont suivi le lancement au Salon de Montréal, jeudi dernier. Ça nous a permis de cibler et de rencontrer directement notre clientèle.»

La stratégie de mise en marché de la Magnum MK5 a été finement planifiée au cours des dernières années. On n'a rien voulu laisser au hasard et on n'a pas voulu brûler les étapes, une erreur que d'autres ont faite dans le passé - quelqu'un se souvient de l'HTT Pléthore?

«Il fallait déterminer le bon cheminement pour s'assurer d'un succès et cela passait surtout par le soin d'arriver avec un véhicule prêt pour sa mise en marché, a affirmé M. St-Jacques. On voulait pouvoir le faire essayer aux gens sans délai pour qu'ils puissent tout de suite connaître les sensations à son volant.»

Magnum en a aussi profité pour établir des contacts dans le but de mettre en place un réseau de distribution dans des régions stratégiques comme la Floride et la Californie, par exemple. L'Amérique du Nord est un premier marché naturel pour la petite voiture de piste, mais Magnum reluque aussi le marché européen, qui permet l'homologation de voitures construites à faible volume. Aux États-Unis, un projet de loi ouvrant la porte à des dispositions semblables a été proposé en 2011, mais il est mort au feuilleton. Actuellement, aux États-Unis comme au Canada, les propriétaires de véhicules spécialisés peuvent les faire homologuer individuellement pour un usage sur la route. La Magnum MK5 a ainsi été développée selon les normes en vigueur pour qu'un propriétaire puisse la faire immatriculer en tant que véhicule artisanal.

Accueil positif



À 139 000$, la Magnum MK5 est, de l'aveu de Bruno St-Jacques, «destinée à des clients qui sont déjà propriétaires de voitures exotiques, mais qui cherchent une voiture de piste plus performante, mais également moins chère».

Selon le jeune homme d'affaires - et pilote automobile à ses heures -, le marché des voitures de piste est en croissance et il y a de la place pour un nouvel acteur. «Nous avons ce qu'il faut pour nous imposer: une motorisation enivrante et un look raffiné. D'ailleurs, certains propriétaires actuels de voitures de piste ont essayé la MK5 et l'ont comparée de façon très avantageuse aux autres bolides de la catégorie», nous a révélé Bruno St-Jacques avec un sourire malicieux qui en disait long.

Lors de notre premier contact avec la voiture il y a un peu plus d'un an, on avait tiqué à la vue de quelques pièces de plastique bon marché, çà et là dans l'habitacle. Il s'agit en fait de simples pièces de prototypage produites en impression 3D pour les besoins de la cause. Sur les modèles de production, on trouvera plutôt des pièces en polymère de qualité, nous assure Bruno St-Jacques.

Les premiers modèles de l'auto seront livrés à l'automne, Magnum espère produire 10 unités en 2015 et entre 20 et 30 les années suivantes dans l'atelier de Boucherville.

Tout semble bien en place, et il n'y a pas d'écueils en vue. «Ça prend bien sûr un peu de folie, mais aussi de la vision, du dévouement et de la rigueur, a déclaré Bruno St-Jacques. Mais on croit au projet depuis le début, tout suit son cours comme prévu. Sauf peut-être la réaction des gens, qui dépasse nos attentes!»