Ce n'est pas tout le monde qui aime les voitures modifiées, mais Ben Woo dit que c'est normal, ce n'est pas tout le monde non plus qui aime ce qu'on trouve au musée et dans les galeries d'art.

La zone Performance, qui se trouve à l'entrée du Salon international de l'auto de Montréal, est une sorte de galerie d'art, dit M. Woo, organisateur de la zone Performance, préparateur de voitures à ses heures et président de Woodoo Marketing, de Montréal.

«Il y a tellement de produits, de peintures, de façons de faire que les autos modifiées sont rendues une forme d'art, dit-il, avec ses codes, ses styles et ses traditions.»

La cinquantaine d'«oeuvres» présentées sont des modèles rétros modifiés par des ateliers de la région de Montréal.

«Il y a au moins 20 styles différents, chacun avec ses origines, dans la modification de voitures rétro. On ne modifie pas une Chevrolet Bel Air 1956 comme une Volks Coccinelle 1969 ou une Nissan 1985.»

Effectivement, l'antique Westfalia avec tapis modifié par Skip Tuning, de Montréal, a l'air d'un clin d'oeil aux années 60. À bord de l'Audi R8 «Wide Body» dont les ailes avant ont été soufflées de 30 cm par Phast Ride, de Longueuil, on imagine des gangsters russes; la Chevrolet Impala rouge «Low Rider» décapotable 1968 donne tout son sens à l'expression américaine "pimp my ride".

La plupart des voitures exposées peuvent être conduites sur la voie publique, mais pas toutes. «Personnellement, si j'investis entre 50 000$ et 250 000$ et des milliers d'heures de travail dans une voiture, je veux pouvoir la conduire dans la rue à l'occasion, dit M. Woo. Mais c'est juste mon point de vue, il y a des tuners qui ne veulent s'embarrasser d'aucune limite.»

Le tuning a commencé au début des années 70 à plusieurs endroits dans le monde. «À Detroit, c'était les "muscle cars", à Los Angeles, c'était les "low riders" imaginés par les Latinos, tandis qu'en Asie, on modifiait de petites voitures japonaises comme la Civic.»

Une beauté classique et chère

Il y a un peu de tout cela au salon. Mais la vedette de cette exposition est une oeuvre d'art beaucoup plus classique, une Bugatti Veyron 2008, qui trône sur une sorte d'autel entouré d'une bien frêle clôture et qui attire les foules.

«C'est fou, il faut qu'on ajoute de la sécurité, les gens restent 20 minutes à faire le tour et à prendre des photos», dit Ben Woo, qui précise que la voiture a été «fournie par le SIAM» (Salon international de l'auto de Montréal) et qu'il ne connaît pas son propriétaire.

Au salon de l'auto, l'information officielle est que la voiture est «prêtée anonymement au SIAM». Selon nos informations, le chanceux a aussi eu une Lola dans le passé.

Même si tout le monde n'aime pas les voitures modifiées, elles ne laissent pas beaucoup de gens indifférent. Quand on entre au SIAM, on a le choix d'entrer dans la zone Performance ou de prendre l'autre passage qui permet d'aller directement aux stands des exposants de voitures neuves.

«Personne ne passe jamais par l'autre entrée, dit M. Woo. Les gens savent que plus loin, ce sont des voitures neuves (ou quelques voitures de collection). C'est relativement prévisible. Ici, ils trouvent toujours quelque chose de différent et d'imprévisible.»

Photo Ivanoh Demers, La Presse

La zone Performance au salon de Montréal offre de l'imprévisible. Comme cette Buick Eight Special 1953, modifiée pour avoir un look résolument gangster.