Le jeune constructeur automobile chinois BYD a l'intention de débarquer aux Etats-Unis en 2011 avec ses voitures électriques, qui seront vendues à des prix concurrentiels mais vont devoir surmonter la méfiance des consommateurs à l'égard des produits chinois.

«Nous allons commencer à développer notre réseau de distribution en Amérique du Nord. Notre but est d'introduire les voitures BYD ici en 2011 et d'installer nos usines lorsque le moment sera opportun», a déclaré lundi le PDG de BYD, Wang Chua-Fu, au salon international de l'automobile à Detroit.

Il présentait trois modèles de voitures: l'hybride F3DM qui vient de faire son entrée en décembre en Chine, la F6DM, plus haut-de-gamme, et ce qu'il a qualifié de «fantastique évolution», un prototype de voiture 100% électrique.

La e6 dispose d'une autonomie de 250 miles --402 km-- et d'une batterie pouvant se recharger «à 50% en dix minutes», a-t-il expliqué.

Les 50% restant peuvent être rechargés «au bureau ou dans le garage, par simple branchement à une prise électrique», a-t-il ajouté, sans préciser de date de mise en circulation.

Créée en 1995 grâce à un prêt familial, l'entreprise de M. Wang s'est hissée en quelques années au 2e rang mondial pour la production de batteries au lithium-ion, et s'est lancée dans la construction automobile en 2003.

«Nous apprécions hautement l'important investissement stratégique effectué récemment par (l'homme d'affaires américain) Warren Buffett dans notre entreprise à travers la MidAmerican Energy Holdings Company», a souligné le responsable.

Le PDG de MidAmerican, David Sokol, qui était présent, est d'ailleurs membre du conseil d'administration de BYD, dont les trois initiales signifient «Build Your Dream» («construisez votre rêve»). Une présence que les experts considèrent comme psychologiquement essentielle à la réussite de l'entreprise.

Bénéficiant des coûts réduits de la main d'oeuvre en Chine et de taxes à l'importation moindres pour les véhicules électriques, la F3DM devrait être vendue un peu plus de 20 000 dollars aux Etats-Unis, soit nettement moins que la plupart des véhicules similaires qui vont être introduits sur le marché dans les prochaines années.

L'arrivée annoncée des Chinois sur le marché automobile américain risque d'effrayer les consommateurs, échaudés par les affaires de peintures au plomb dans les jouets ou de traces de mélanine dans le lait, dans un domaine comme la conduite où la sécurité est primordiale.

Mais les spécialistes ne prennent pas cette ambition à la légère. «Il va y avoir beaucoup d'intérêt pour ces voitures pour les grandes villes comme New York ou Los Angeles, et le fait que Warren Buffett ait investi dans cette entreprise est rassurant», estime l'analyste Jessica Caldwell chez Edmunds.com.

«Les prix vont être avantageux, et un phénomène de mode va jouer son rôle, mais il ne pourra s'agir que de très faibles volumes, au début en tout cas», ajoute-t-elle.

Après quelques difficultés initiales pour se mettre aux normes de sécurité, «ils vont y arriver, tout comme l'Inde, comme tous ceux qui voudront pénétrer ce marché», estime John Mendel, vice-président du japonais Honda Etats-Unis.

David Zuchowski, directeur adjoint des ventes chez le Sud-coréen Hyundai, est plus sceptique: «Mon avis est qu'il va falloir encore 3 à 5 ans» avant que BYD n'arrive sur le marché américain, a-t-il estimé.

«Je pense que l'Inde arrivera avant», a ajouté ce responsable, pour qui «la situation économique et la crise du crédit à la consommation vont retarder les choses».